Rôle de l’activine A dans la cachexie cancéreuse humaine - 06/09/17
en collaboration avec l’institut du cancer Roi-Albert-II, cliniques universitaires Saint-Luc
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La cachexie cancéreuse est un syndrome métabolique complexe, caractérisé par une perte de masse musculaire, non réversible par un apport nutritionnel adéquat. La cachexie affecte 80 % des patients avec un cancer avancé et est responsable de 20 % des décès. Le pronostic de la cachexie cancéreuse dépend directement de l’ampleur de la perte de masse musculaire. Différents travaux suggèrent que l’activine A (ActA), un membre de la famille du Transforming Growth Factor (TGF) β, pourrait contribuer à l’atrophie musculaire induite par certains cancers. En outre dans un modèle de cachexie cancéreuse, inhiber l’ActA permet de corriger la cachexie et prolonge la survie des animaux. Cependant le rôle de l’ActA dans le développement de la cachexie cancéreuse humaine a peu été investigué. Notre objectif était de démontrer une relation entre cachexie cancéreuse et ActA chez l’homme et de rechercher si l’ActA est un facteur prédictif de survie en cas de cancer.
Matériel et méthodes |
Cent cinquante-deux patients adultes atteints d’un cancer colorectal ou pulmonaire ont été inclus dans l’étude. Une évaluation clinique, nutritionnelle (SNAQ score) et fonctionnelle (ECOG-QLQ-C30) a été réalisée. La masse musculaire a été mesurée par planimétrie sur coupe de CT-scan abdominal. Les concentrations plasmatiques d’ActA ont été mesurées à l’inclusion dans des conditions standardisées. La survie globale (Overall Survival ou OS) des patients a été évaluée à 24 mois.
Résultats |
La prévalence de la cachexie était de 49 %. La cachexie était associée à une perte de masse (p<0,01) et de force musculaire (p<0,001) mais également à une augmentation de l’infiltration graisseuse du tissu musculaire (p=0,05), évaluée par la densité musculaire (SMD) au CT-scan. De manière intéressante, les taux circulants d’ActA étaient majorés chez les patients cachectiques en comparaison aux non-cachectiques (558 contre 397pg/mL, p<0,001). En outre, l’ActA était corrélée positivement avec la perte de poids (r=0,323, p<0,001) et à l’infiltration graisseuse du muscle (SMD) (r=–0,225, p<0,01) et négativement à la force musculaire (r=–0,207, p<0,05). Nous avons ensuite observé que les patients présentant un taux d’ActA élevé (>408pg/mL) à l’inclusion avaient une survie plus basse indépendamment du type de cancer (OS cancer colorectal : 50 % contre 79 %, p<0,05 et cancer pulmonaire : 27 % contre 67 %, p<0,01). Les analyses de régression uni et multivariées ont confirmé la valeur pronostique de l’ActA indépendamment du stade du cancer ou des marqueurs inflammatoires dans la population totale et particulièrement chez les patients atteints d’un cancer pulmonaire.
Conclusions |
Nos données montrent donc une association entre la cachexie cancéreuse et une élévation des taux circulants d’ActA. En outre, un taux élevé d’ActA est un facteur de pronostic défavorable en cas de cancer. Compte tenu de ses effets atrophiants sur le muscle squelettique démontré chez l’animal, il est possible que l’ActA impacte la survie en contribuant au développement de la perte de la masse musculaire au cours de la cachexie chez les patients cancéreux.
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Vol 31 - N° 3
P. 257 - septembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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