Croissance intra-utérine des enfants porteurs de syndrome d'alcoolisation foetal - 09/03/08
D. Subtil [1],
N. Lelong [2],
C. Samaille-Villette [3],
P. Boulanger [3],
S. Carlier [2],
M. Kaminski [1]
Voir les affiliationsÀ la naissance, le diagnostic du syndrome d'alcoolisme foetal (SAF) repose principalement sur la dysmorphie faciale, mais celle-ci n'est pas toujours présente ni même aisée à repérer. La diminution du poids de naissance et du périmètre crânien qui peuvent accompagner ce signe sont souvent modérés. Dans ces conditions, le diagnostic de SAF n'est souvent porté qu'à l'âge préscolaire ou scolaire, alors que des mesures spécifiques pourraient être proposées dès la période néonatale.
Dans le but d'améliorer le dépistage néonatal du SAF, nous avons mené une étude cas-témoins destinée à voir si le retard de croissance des enfants porteurs de SAF était détectable à l'échographie, et, le cas échéant, déterminer quel paramètre de croissance est perturbé, et à partir de quel âge gestationnel. Notre étude a porté sur les enfants nés pendant une période de 6 ans à la maternité du Centre Hospitalier de Roubaix. Le groupe des cas rassemblait les enfants atteints de SAF pendant cette période (n = 108) et le groupe témoin était constitué des enfants nés juste avant ou juste après les cas (n = 214). Les données ont été rétrospectivement extraites des dossiers obstétricaux. L'analyse été réalisée après ajustement sur des facteurs influant sur la croissance intra utérine : âge maternel, parité, taille maternelle, usage du tabac, sexe de l'enfant.
Par rapport au groupe témoin, nous avons constaté que les enfants atteints de SAF se distinguent par un diamètre bipariétal deux fois plus souvent < 10ep au 3 e trimestre, mais surtout par un fémur < 10ep 12 fois plus souvent que chez les témoins, et ce dès le 2 e trimestre. Parmi les enfants porteurs de SAF à la naissance, la taille du fémur était inférieure au 10 e percentile pour 18 % des enfants au second trimestre et 35 % au troisième trimestre. Les écarts observés sont trop importants pour pouvoir être expliqués par le hasard ou par les insuffisances méthodologiques de l'analyse, dues au caractère rétrospectif de l'étude.
Compte tenu de la très forte association que nous avons mise en évidence entre fémur court et SAF dès le deuxième trimestre de la grossesse, ce signe devrait faire évoquer la possibilité d'un SAF, conduire au repérage d'un éventuel alcoolisme maternel ignoré jusque-là, et permettre une prise en charge pendant la grossesse ou dès la période néonatale.
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Vol 31 - N° 2
P. 207 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.