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Intérêt et technique de prélèvement des membranes amniotiques pour la greffe dans les pathologies oculaires de surface - 09/03/08

Doi : JG-04-2002-31-2-0368-2315-101019-ART87 

G. Descargues [1],

M. Muraine [2],

G. Brasseur [2],

J.-P. Lemoine [1],

L. Marpeau [1]

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L'utilisation chirurgicale de la membrane amniotique humaine en pathologie remonte à plusieurs dizaines d'années. On retrouve ainsi son utilisation dans le traitement des brûlures cutanées, des ulcères chroniques et comme traitement préventif de l'adhésion tissulaire dans un nombre varié de chirurgies. Les propriétés de ce tissu sont en effet uniques puisqu'il facilite la migration des cellules épithéliales, renforce l'adhésion des cellules épithéliales basales et favorise la différentiation épithélial. Si on rajoute à ces propriétés cicatrisantes sur l'épithélium la capacité à moduler la cicatrisation stromale ainsi que des propriétés anti-inflammatoires, anti-bactériennes et anti-adhésives, on comprend l'intérêt actuel que peut susciter l'utilisation d'un tel matériel. C'est De Rotth en 1940 qui fut le premier à l'utiliser en ophtalmologie dans le traitement des symblépharons et des défects conjonctivaux, mais c'est depuis 1995 que Tseng et Tsubota ont repris et commencé à réévaluer cette technique dans le traitement des pathologies oculaires de surface et en particulier dans le cadre des brûlures cornéennes. Depuis, le champ des indications de la greffe amniotique s'est étendu aux défects épithéliaux persistants, aux séquelles des pemphigoïdes oculaires cicatricielles, à la chirurgie du ptérygion, voire même à la cicatrisation cornéenne post laser excimer. En cas de destruction limbique importante, la greffe amniotique a montré qu'elle pouvait être un complément important des techniques d'auto ou d'allogreffe limbique. La greffe de membrane amniotique est une technique toute récente en France puisque les premiers cas traités par cette technique remontent au 2 e semestre 1999.

Nous présentons la technique du prélèvement d'amnios, tel que nous le réalisons au CHU de Rouen, en respectant le cadre légal des règles nationales de bonnes pratiques en matière de prélèvement de tissus. Pour des raisons de stérilité évidentes, la membrane amniotique est prélevée à l'occasion d'un accouchement prévu par césarienne. La sélection des donneuses est réalisée par l'obstétricien dans les cas de grossesses non pathologiques pour lesquelles une césarienne est programmée. Un formulaire d'information est fourni à la patiente. Il attire l'attention sur l'utilité du don d'amnios et sur son innocuité vis à vis de la mère et de son enfant ; il permet également de recueillir l'accord écrit de la patiente. La patiente est prévenue qu'en cas d'accord des examens sérologiques seront réalisés le jour de l'accouchement et qu'un deuxième contrôle sera nécessaire 4 à 6 mois plus tard comme c'est la règle pour les donneurs vivants lorsque le tissu peut être conservé en quarantaine. Un numéro d'identification de la patiente, un numéro d'identification du nouveau-né et un numéro d'identification de prélèvement sont les garants de la traçabilité du prélèvement, tout en conservant l'anonymat de la patiente et de son enfant. Le recueil des formulaires de consentement, la liaison entre le service de gynécologie obstétrique et la Banque de conservation de tissus sont assurés par l'Unité de coordination des prélèvements et greffes.

La technique de prélèvement d'amnios que nous rapportons est dérivée des principes décrits par Kim et Tseng. Le prélèvement est réalisé par l'obstétricien au bloc opératoire dans des conditions de stérilité chirurgicale. Le placenta est déposé dans un plateau et abondamment rincé avec une solution saline stérile contenant 50 mg/ml de pénicilline, 50 mg/ml de streptomycine, 100 mg/ml de néomycine et 2,5 mg/ml d'amphotéricine B. Nous positionnons l'amnios entier sur une cupule métallique renversée de grande taille, sa convexité épousant celle de l'amnios et facilitant son étalement. La face choriale de l'amnios étant exposée vers le haut, des petits carrés de 4 cm de côté de membrane de Nitrocellulose (Amersham°) sont alors disposés sur l'amnios bien étalé, auquel ils adhèrent immédiatement. L'amnios est enfin découpé autour de son support, au bistouri, ce qui permet de réaliser plus d'une trentaine de prélèvements. Ces carrés de nitrocellulose supportant l'amnios épithélium vers le haut sont enroulés puis introduits délicatement dans un flacon à congélation contenant un mélange à volume égal de glycérol (Sigma°) et de milieu de culture de Dulbecco modifié selon Iscove (Life technologies). Les flacons sont étiquetés selon les normes en vigueur pour les prélèvements de tissus et acheminés dans les 10 minutes vers le laboratoire de la Banque de Cornées. Ils sont alors déposés dans un congélateur à – 80 °C où ils pourront être conservés pendant une durée de 1 an. Ce n'est qu'après un nouveau contrôle négatif des sérologies de la patiente à 6 mois que les patients en attente peuvent être convoqués puis greffés.

La greffe amniotique est une technique chirurgicale prometteuse dans un certain nombre de pathologies cornéennes de surface. La facilité du prélèvement et du stockage de la membrane amniotique, l'abondance potentielle d'amnios et les premiers résultats publiés rendent cette technique très attractive. Ces différentes conditions ne doivent cependant pas faire oublier les mesures de sécurité sérologiques et de stérilité qui doivent accompagner ce type de prélèvement.


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Vol 31 - N° 2

P. 218-219 - avril 2002 Retour au numéro
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