Le but principal de cette étude était de vérifier si les très jeunes enfants « à risque » de dépression présentent un biais émotionnel négatif qui est une des caractéristiques de cette pathologie. Nous avons également évalué les compétences de reconnaissance des émotions chez des enfants de 36 mois et leurs liens avec le sommeil.

Cent trente-trois enfants âgés de 36 mois, issus de la cohorte AuBE, ont passé une tâche de reconnaissance des émotions faciales de joie, colère et tristesse. Les fonctions cognitives ont été évaluées par la WPPSI III et différents paramètres du sommeil ont été enregistrés via des questionnaires auprès des mères à 6, 12, 18, 24 et 36 mois après la naissance. Parmi ces enfants, 21 avaient une mère avec au moins un antécédent de dépression (13 garçons) et constituent le groupe à haut risque et 19 enfants (8 garçons) nés de mères n’ayant aucun antécédent de dépression, le groupe à faible risque de dépression (ou groupe contrôle).

Les enfants de 36 mois reconnaissent significativement mieux la joie que les autres émotions avec une meilleure capacité de reconnaissance globale chez les filles que chez les garçons et une corrélation positive entre la capacité de reconnaissance globale et l’indice verbal du quotient intellectuel. On retrouve également une corrélation négative entre le temps de sommeil à 18 et à 24 mois et la reconnaissance de l’émotion de tristesse, entre les difficultés au coucher à 18 mois et la reconnaissance de la joie et positive entre l’heure du lever à 24 mois et les performances globales de reconnaissance des émotions. Enfin, les garçons du groupe à haut risque reconnaissent sélectivement mieux la tristesse que les garçons du groupe contrôle.

Cette étude confirme une reconnaissance des différentes émotions liée au développement et un avantage féminin ainsi qu’un lien avec les capacités langagières dès 36 mois de vie. Nos résultats montrent surtout qu’on retrouve, dès ce jeune âge, un lien entre les caractéristiques du sommeil et la capacité de reconnaissance émotionnelle ainsi qu’un biais négatif dans cette reconnaissance émotionnelle chez les garçons à haut risque de dépression.

The emotional process is characterized by a negative bias in depression, thus it was legitimate to establish if they same is true in very young at-risk children. Furthermore, sleep, also proposed as a marker of the depression risk, is closely linked in adults and adolescents with emotions. That is why we wanted first to better describe the characteristics of emotional recognition by 3-year-olds and their links with sleep. Secondly we observed, if found at this young age, an emotional recognition pattern indicating a vulnerability to depression.

We studied, in 133 children aged 36 months from the AuBE cohort, the number of correct answers to the task of recognition of facial emotions (joy, anger and sadness). Cognitive functions were also assessed by the WPPSI III at 3 years old, and the different sleep parameters (time of light off and light on, sleep times, difficulty to go to sleep and number of parents’ awakes per night) were described by questionnaires filled out by mothers at 6, 12, 18, 24 and 36 months after birth. Of these 133 children, 21 children whose mothers had at least one history of depression (13 boys) were the high-risk group and 19 children (8 boys) born to women with no history of depression were the low-risk group (or control group).

Overall, 133 children by the age of 36 months recognize significantly better happiness than other emotions (P=0.000) with a better global recognition higher in girls (M=8.8) than boys (M=7.8) (P=0.013) and a positive correlation between global recognition ability and verbal IQ (P=0.000). Children who have less daytime sleep at 18 months and those who sleep less at 24 months show a better recognition of sadness (P=0.043 and P=0.042); those with difficulties at bedtime at 18 months recognize less happiness (P=0.043), and those who awaken earlier at 24 months have a better global recognition of emotions (P=0.015). Finally, the boys of the high-risk group recognize sadness better than boys in the control group (P=0.015).

This study confirms that the recognition of emotion is related to development with a female advantage and a link with the language skills at 36 months of life. More importantly, we found a relationship between sleep characteristics and emotional recognition ability and a negative bias in emotional recognition in young males at risk for depression.