La maladie d’Alzheimer, lorsqu’elle atteint une personne âgée et affecte son identité, remet en cause l’équilibre familial et confronte chacun des proches à une situation douloureuse. La plupart des travaux se sont centrés sur le ressenti des conjoints et des enfants confrontés au diagnostic, à l’évolution de la maladie et à la décision de placement. Au travers de cet article, les auteurs proposent d’explorer le point de vue des petits-enfants. À partir des entretiens conduits avec Luc (20 ans), petit-fils d’une patiente admise en hôpital psychiatrique, avec Chloé (16 ans) et Justine (10 ans), deux des petites-filles d’une grand-mère hospitalisée dans une structure psycho-gériatrique, ils approchent les souffrances et les inquiétudes des petits-enfants. La démence et ses causes, la difficulté à l’admettre, la culpabilité liée au placement, le désarroi face à l’évolution de la maladie, la peur de l’hérédité, les difficultés à parler de ses sentiments en famille et à admettre les tensions et dissensions familiales engendrées par la pathologie, sont abordés dans ces entretiens. Ces éléments les conduisent à réfléchir, à la prise en compte du point de vue des jeunes enfants, adolescents et jeunes adultes, confrontés à l’évolution démentielle d’un grand-parent et à son institutionnalisation ainsi qu’aux phénomènes de déliaison induits par cette situation.

When Alzheimer’s disease affects an older person and causes them to question their identity, it challenges the family balance, confronting each member with a painful situation. Most studies have concentrated on what spouses and children felt, faced with the diagnosis, disease development and placement decisions. In this article, these issues are examined instead from the grandchildren’s viewpoint. Interviews with Luc (aged 20), Chloé (aged 16) and Justine (aged 10), the aforementioned having their grandmother hospitalized in a psychogeriatric facility, approach the sufferings and worries of such family members. Some of the concerns expressed include dementia and its causes, feelings of guilt linked to placement, confusion and helplessness in the face of disease development, fear of heredity, difficulties in expressing one’s feelings within the family, inability to admit family tenseness and dissensions borne from the pathology. Findings lead the authors to consider taking into account the viewpoint of children, teenagers and young adults confronted with the development of a grandparent’s disease, their placement and dissension induced by the situation.