CONSÉQUENCES D’UN STRESS DOULOUREUX SUR LA CIRCULATION PULMONAIRE EN PÉRIODE PÉRINATALE : ÉTUDE EXPÉRIMENTALE CHEZ LE FŒTUS D’AGNEAU - 09/03/08
Delelis A. [1 et 5],
Houfflin Debarge V. [1 et 5],
Jaillard S. [2 et 5],
Larrue B. [2 et 5],
Deruelle P. [1 et 5],
Ducloy A.S. [3],
Puech F. [1],
Storme L. [4 et 5]
Voir les affiliationsIntroduction. Le fœtus est capable de réagir à un stress douloureux dès 26 semaines d’aménorrhée. Cependant, les conséquences de la douleur sur la circulation pulmonaire périnatale ne sont pas connues. Les hormones de stress jouent un rôle essentiel dans l’adaptation à la vie extra utérine. Après la naissance, la douleur semble aggraver la détresse respiratoire des nouveau-nés porteurs d’une hypertension artérielle pulmonaire persistante.
But. Savoir si le stress douloureux est susceptible d’entraîner des modifications du tonus vasculaire pulmonaire de base en période périnatale. Pour tester cette hypothèse, les résistances vasculaires pulmonaires ont été mesurées chez des fœtus d’agneau chroniquement instrumentés, avant et après stimulation douloureuse (test au formol).
Méthodes. Huit brebis gestantes ont été opérées à 128 jours de gestation. Après thoracotomie fœtale, des cathéters étaient insérés dans l’aorte, le tronc de l’artère pulmonaire, et l’oreillette gauche pour en mesurer les pressions et un capteur doppler était placé autour de l’artère pulmonaire gauche pour la mesure du débit sanguin. Trois cathéters sous-cutanés étaient implantés au niveau du flanc gauche. Le fœtus était ensuite replacé dans la cavité amniotique. Les mesures étaient réalisées entre 130 et 133 jours de gestation. La réponse hormonale, hémodynamique et la réactivité vasculaire pulmonaire ont été étudiées suite à l’injection sous-cutanée de formol (2 ml formalin à 1 %) avec ou sans analgésie par sufentanil (bolus = 6 µg, puis 6 µg/h).
Résultats. Nous avons observé une augmentation des RVP de 42 % (p ≪ 0,0001) débutant 25 minutes après l’injection de formol et pendant plus d’une heure. Cette réponse n’était plus observée après analgésie par sufentanil. Les RVP n’étaient pas modifiées par le sufentanil seul. L’injection de formol a entraîné une augmentation de la fréquence cardiaque de 10 % (p ≪ 0,01) ainsi qu’une augmentation de la cortisolémie de 54 % (p = 0,05) à 30 minutes alors que le taux des catécholamines plasmatiques n’était pas modifié.
Conclusion. Cette étude valide l’efficacité du test au formol dans l’étude de la douleur fœtale (réponse nociceptive, hormonale et neurovégétative, adaptée). D’autre part, nos résultats montrent que la douleur augmente le tonus vasculaire pulmonaire de base en période périnatale. L’analgésie prévient cette réponse vasoconstrictrice pulmonaire. Celle-ci n’est pas liée à une augmentation des catécholamines circulantes. Ces données suggèrent que le stress douloureux est à l’origine de modifications du tonus vasculaire pulmonaire pendant la période périnatale.
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© 2005 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 34 - N° 3-C1
P. 283-284 - mai 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.