FACTEURS ASSOCIÉS AUX INFECTIONS NOSOCOMIALES À BACILLES GRAM NÉGATIFS RÉSISTANTS EN NÉONATOLOGIE - 09/03/08
Gay Sébastien [1],
Labenne Marc [1],
Ferdinus Cyril [2],
Gouyon Jean-Bernard [1]
Voir les affiliationsLa prescription d’antibiotiques à large spectre devant toute suspicion d’infection néonatale peut être lourde de conséquences écologiques et sélectionner des bacilles à Gram négatif résistants (BGNR) à de nombreux antibiotiques, potentiellement responsables d’infections nosocomiales sévères chez le nouveau-né.
Objectif. Étude rétrospective cas-témoins pour déterminer les facteurs de risque des infections nosocomiales à BGNR chez le nouveau-né.
Méthode. Les résultats des prélèvements bactériologiques réalisés au CHU de Dijon entre janvier 2000 et décembre 2003 chez des enfants de moins de 2 mois ont été revus. Les prélèvements positifs à BGNR (Enterobacter, Klebsiella, Citrobacter, Serratia, Morganella, Pseudomonas, Stenotrophomonas et Acinetobacter) ont été sélectionnés. Des informations exhaustives, anamnestiques, cliniques, biologiques et bactériologiques, ont été recueillies pour chacun des enfants. Les nouveau-nés ayant une infection nosocomiale à BGNR probable ou certaine (enfants hospitalisés depuis plus de 48 heures) ont constitué le groupe des cas. Chaque cas a été apparié à deux témoins sur la date de naissance, le sexe, le terme et le poids de naissance. Les deux groupes ont été comparés, à la date du diagnostic des cas, pour les facteurs de risques suivants : pathologies maternelles, antibiothérapie anténatale, état du nouveau-né à la naissance, traitements médicamenteux, ventilation mécanique, cathéter central, chirurgie et évolution.
Résultats. Durant la période de l’étude, 141 BGNR ont été isolés ; 116 enfants ont été exclus car porteurs d’un BGNR dans le cadre d’une colonisation ou d’une infection materno-fœtale précoce ou tardive (définitions ANAES). Vingt-cinq nouveau-nés, présentant une infection nosocomiale probable ou certaine, ont été retenus dans le groupe des cas et appariés à 50 témoins. Les enfants étaient nés à 31 5 SA avec un poids de 1 700 1 100 g. L’âge au diagnostic des cas était de 22,3 12,6 jours. Les infections les plus fréquentes étaient des pneumopathies liées à la ventilation mécanique (15 cas), des septicémies liées au cathéter (4 cas) et des entérocolites ulcéro-nécrosantes (3 cas). La comparaison entre les 2 groupes n’a pas mis en évidence de différence significative pour les pathologies maternelles, l’antibiothérapie anténatale, le mode d’accouchement, l’état du nouveau-né à la naissance, la ventilation mécanique et la présence d’un cathéter central. Comparativement aux témoins, les enfants infectés à BGNR ont reçu plus d’anti-acides (50 % versus 25 %, p ≪ 0,01) et plus de jours d’antibiotiques entre le jour de naissance et le jour du diagnostic de l’infection (15,9 11,3 jours versus 10,1 8,8 jours (p ≪ 0,05). L’évolution était plus souvent défavorable (décès et/ou dysplasie bronchopulmonaire et/ou leucomalacie périventriculaire) en cas d’infection à BGNR (54 % versus 20 % chez les témoins, p ≪ 0,01).
Conclusion. Une réduction du taux d’infections nosocomiales à BGNR par des stratégies réduisant les durées d’antibiothérapie et/ou restreignant l’administration d’anti-acides, reste à évaluer.
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Vol 34 - N° 3-C1
P. 286 - mai 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.