L’objectif de ce travail était d’étudier les caractéristiques cliniques et physiologiques de la peau des français âgés de plus de 15 ans (adultes) à partir des données épidémiologiques de l’étude Objectifs Peau.

Un échantillon de 20 012 sujets, représentatifs de la population française>15 ans (adultes), a été spécifiquement créé selon la méthode habituelle des quotas (sexe, âge, localisation géographique et catégorie socioprofessionnelle [CSP]) pour répondre à un questionnaire sur Internet abordant différents items, dont des données démographiques et socioprofessionnelles, le mode de vie, des données sur le phototype, les signes fonctionnels cutanés, le type de peau, les antécédents cutanés. Les croisements entre variables ont été analysés avec les tests statistiques habituels (test de Chi² pour les variables qualitatives). Les croisements entre variables ont été analysés avec le test de Chi² pour les variables quantitatives, avec le logiciel SAS. Les déterminants de la sensibilité de la peau ont été étudiés à l’aide d’un modèle de régression logistique multivariée (variables explicatives : sexe, âge, CSP, habitat et phototype, seuil de conservation en univariée à 0,20).

Au total, 42 % des 20 012 français interrogés déclaraient avoir une peau normale, 17 % une peau grasse, 24 % une peau sèche et 17 % une peau mixte. Sur les 18 276 individus qui ont su répondre, 13 % déclaraient avoir une peau très sensible, 53 % une peau sensible (soit 65 % de sujets ayant une peau sensible ou très sensible) versus 35 % qui déclaraient ne pas avoir la peau sensible. Les femmes déclaraient plus fréquemment avoir la peau sensible ou très sensible (70 %) que les hommes (61 %) (p<0,001). La peau était également plus sensible ou très sensible dans les tranches d’âge les plus basses (15–24 ans, 77 %) versus les sujets>65 ans (57 %). Les sujets avec les phototypes les plus clairs étaient aussi ceux qui ont significativement la peau la plus sensible (Annexe A). Il y avait également une association significative entre la région dans laquelle résident les sujets et la sensibilité de leur peau, avec une prévalence accrue de peaux sensibles et très sensibles en région Île-de-France. À l’inverse, les sujets habitant en milieu rural déclaraient plus souvent ne pas avoir la peau sensible (38 %) que les sujets résidant dans les grandes villes (34 %) et en agglomération parisienne (30 %). Dans cet échantillon représentatif de la population française, 32 % des individus ressentaient des démangeaisons, 19 % des picotements, 11 % des douleurs, 6 % des brûlures et 4 % des sensations désagréables au niveau de leur peau au moins une fois par jour, ces diverses sensations étant significativement plus fréquentes chez les femmes et à nouveau plus fréquentes dans les tranches d’âge les plus basses. Par contre, il ne semblait pas y avoir d’influence des CSP sur la sensibilité de la peau ou sur les signes fonctionnels quotidiens. Les résultats de l’analyse des déterminants de la sensibilité de la peau sont présentés en (Annexe A).

Des facteurs génétiques tels que le sexe, le phototype influencent la sensibilité de notre peau. Celle-ci deviendrait également moins réactive et sensible avec les années. Par contre, la prévalence accrue des peaux sensibles et très sensibles dans les grandes agglomérations et en région parisienne interpelle sur les facteurs d’environnement dont la pollution sur les caractéristiques de notre peau. La fréquence semble aussi en augmentation par rapport à une étude réalisée dans les mêmes conditions en 2004.

Ce travail permet de mieux décrire les caractéristiques physiologiques de la peau de la population française, ce qui devrait aider les industries des cosmétiques à développer des gammes de soins adaptées.