Lésions mélanocytaires d’interprétation histologique difficile avec seconde lecture d’experts : impact sur la prise en charge - 25/11/17
Résumé |
Introduction |
Certaines lésions mélanocytaires excisées par le dermatologue sont d’interprétation histologique difficile ou discordante par rapport à la clinique, nécessitant parfois un avis d’expert.
Matériel et méthodes |
Nous avons réalisé une étude rétrospective auprès des dermatologues libéraux et hospitaliers, en collaboration avec des anatomopathologistes, afin de déterminer la fréquence des relectures ainsi que leur impact sur la prise en charge des patients. Les lésions mélanocytaires ayant nécessité une relecture sur demande de l’anatomopathologiste ou du dermatologue (ou plus rarement du chirurgien maxillo-facial) de janvier 2013 à mars 2017 dans les départements de la Moselle et de la Meurthe et Moselle, ont été incluses. Les avis experts étaient demandés au centre Léon-Berard de Lyon ou au CHU de Bordeaux.
Résultats |
Ont été incluses 327 relectures ; 78 dossiers ont pu être examinés dont 44 provenant de dermatologues libéraux et 31 d’hospitaliers. L’âge moyen des patients était de 44 ans (5–91) et le sex-ratio M/F de 1,13. Les diagnostics des lésions mélanocytaires d’interprétation difficile après relecture étaient : 12 nævus bénins, 2 nævus de Reed, 8 nævus de Spitz, 18 mélanomes « superficial spreading melanoma » (SSM) invasifs, 12 mélanomes SSM intra-épidermiques, 2 mélanomes de Dubreuilh, 1 mélanome plexiforme, 1 mélanome nodulaire, 1 mélanome spiztoïde, 1 mélanome « acral lentiginous melanoma » (ALM), 4 mélanomes nævoïdes, 8 précurseurs de mélanomes « Melanocytic Intraepidermal Neoplasia » (MIN), 2 lésions « melanocytic tumors of uncertain malignant potential » (MELTUMP), 3 nævus avec perte d’expression de BAP1, 2 « deep penetrating nævus » (DPN) et un nævus bleu. On notait une confirmation du diagnostic initial dans 74 % des cas. Le délai de réponse était en moyenne de 3 semaines. Le délai entre l’exérèse et la reprise avec marges en cas de lésion maligne, était de 57jours.
Discussion |
Cette étude montre qu’un nombre important de lésions mélanocytaires sont adressées à des centres experts pour relecture. Cette relecture induit un délai de réponse supplémentaire, lié au caractère unique de l’interlocuteur et parfois à des techniques d’immunohistochimie ou d’hybridation in situ nécessitant du temps. Elle peut modifier la prise en charge du patient. Les cas requalifiés en mélanome justifient une reprise chirurgicale complémentaire ; le délai théoriquement admis de 30jours pour une reprise d’exérèse ne peut alors plus être respecté. L’augmentation probable du risque de récidive qui en découle implique une responsabilité médico-légale entre les dermatologues et anatomopathologistes. Un problème médicoéconomique existe aussi du fait de l’absence de prise en charge financière par la caisse primaire d’assurance maladie.
Conclusion |
Le manque crucial d’experts en diagnostic de lésions mélanocytaires difficiles engendre un délai important dans la prise en charge des mélanomes, pouvant probablement augmenter le risque de récidive locorégionale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Chirurgie cutanée oncologique, Expertise histologique, Mélanome
Plan
Vol 144 - N° 12S
P. S200 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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