La fosse nasale (FN) est constante pour toute la série des Vertébrés. Elle est olfactive chez les Vertébrés aquatiques, olfactive et respiratoire chez les Vertébrés à respiration aérienne. Le but de ce travail a été d’illustrer l’évolution morphologique de la fosse nasale de quelques espèces de Vertébrés macrosmatiques comme Rattus rattus et Felis catus et d’un certain nombre de Primates.

Microdissection et imagerie par tomodensitométrie de crânes secs de quelques espèces de Vertébrés, comparée à l’Homme actuel.

L’analyse de la fosse nasale de Mammifères macrosmatiques de type R. rattus et F. catus montre l’importance du labyrinthe lamellaire multi-turbinal. La zone basale de la fosse nasale est libre de toute structure lamellaire. La fosse nasale des espèces Allouatta et Papio montre un labyrinthe multi-lamellaire dense au contact de la lame criblée horizontalisée mais pas d’organisation en « logettes » ethmoïdales proprement dites. La fosse nasale de l’espèce Pan gorilla objective la disparition du labyrinthe lamellaire au profit d’un labyrinthe ethmoïdal en « logettes » associé à une pneumatisation majeure du splanchnocrâne, évoquant une organisation proche de la fosse nasale de l’Homme actuel. L’hypothèse de l’origine turbinale de la pneumatisation ethmoïdale a été émise la 1^re fois par O. Seydel en 1891, expliquant le cloisonnement en logettes pneumatisées de la masse latérale de l’ethmoïde mais aussi le cloisonnement possible des autres sinus de la face. En utilisant la terminologie de W. Hennig (1966), il est possible de dire que le labyrinthe multi-lamellaire turbinal olfactif des Mammifères macrosmatiques est un caractère « plésiomorphe » (primitif) et que le labyrinthe etmoïdal multicellulaire des Mammifères microsmatiques est un caractère « apomorphe » (dérivé). Cette organisation explique en partie la variabilité interindividuelle humaine de la pneumatisation sinusienne et ses conséquences en endoscopie chirurgicale.