À côté de la psychanalyse, des neurosciences et du cognitivisme, il est un courant historique en psychiatrie, ultra-minoritaire et peu enseigné, la psychiatrie phénoménologique. Inspirée de Husserl et de Merleau-Ponty, elle a trouvé un écho chez Ricœur ; portée par Binswanger, Minkowski, Tatossian, Lanteri-Laura, elle continue d’avoir ses promoteurs et ses chercheurs. La pathologie pensée comme perte de pouvoir-être permet ici de considérer le patient comme sa propre norme. Avec ce présupposé, c’est toute l’analyse de la démarche diagnostique (entre intuition et inférence) ainsi que le « bricolage » des divers recours théoriques menant à la pratique qui sont mis au travail. Après avoir rappelé comment le quotidien de la psychiatrie clinique emprunte plus, parfois sans le savoir, à la psychiatrie phénoménologique, qu’aux neurosciences ou aux outils de standardisation clinique, nous voudrions questionner la possibilité d’une contribution de cette psychiatrie d’inspiration philosophique au dialogue entre médecine dite personnalisée ou de précision (utilisation à venir des big data) comme renouveau de l’Evidence-Based Medicine et médecine de la personne (cf. Observatoire Francophone de la Médecine de la Personne) dont nous interrogerons les liens avec la Values Based Medicine.

Next to psychoanalysis, neurosciences and cognitivism is a historical trend in psychiatry, which lies in the minority and is not taught much: phenomenological psychiatry. Inspired by Husserl and Merleau-Ponty, it echoed in Ricoeur's work; carried by Binswanger, Minkowski, Tatossian, Lanteri-Laura, it still has its promoters and its researchers. The pathology thought as a lost of “pouvoir-être” allows oneself to consider the patient as his or her own norm. The whole analysis of the diagnostical process (between intuition and inference) and the “constructions” of the various theoretical resorts leading to practice are thus put to work. We will state how the everyday life of clinical psychiatry borrows more, sometimes without knowing it, from phenomenological psychiatry than from neurosciences or from the tools of clinical standardisation. Then, we would like to look into the possibility that this psychiatry inspired by philosophy might contribute to the dialogue between this medicine known as personalized or precision medicine (use of big data to come) as renewal of the Evidence-Based Medicine and, on the other side, the medicine of the person (cf. francophone observatory of the medicine of the person), which links with the Values Based Medicine we will examine.