Protéinose alvéolaire et infection à Mycobacterium Abscessus chez une patiente allogreffée de cellules souches hématopoïétiques : rôle du ruxolitinib ? - 31/01/18
Résumé |
Introduction |
La protéinose alvéolaire pulmonaire (PAP) est une maladie rare due à un dysfonctionnement du macrophage alvéolaire.
Méthodes |
Nous reportons le premier cas de PAP post allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH), associé à une infection à Mycobacterium abscessus, suspecté d’être secondaire à un traitement par ruxolitinib.
Résultats |
Une patiente de 66 ans bénéficiait d’une allogreffe de CSH en 2013 pour une myélodysplasie. Elle développait une GVH cutanée sévère, stabilisée par corticoïdes, ciclosporine, methotrexate et ruxolitinib. Une dyspnée chronique et un trouble de la diffusion s’installaient à partir de mai 2016. Le scanner thoracique montrait du verre dépoli et des épaississements des septas. Le bilan infectieux était négatif. L’atteinte pulmonaire s’aggravait malgré l’arrêt du methotrexate. Une biopsie pulmonaire chirurgicale révélait un matériel protéique éosinophile granulaire obstruant les alvéoles et prenant la coloration PAS. La culture était positive pour M. abscessus. L’état de la patiente s’aggravait avec fièvre, oxygénodépendance, majoration des anomalies scannographiques. Le chimérisme sanguin restait 100 % donneur. Un myélogramme ne montrait pas de myélodyspasie, la recherche d’anticorps anti GM-CSF et anti GATA2 était négative. Un traitement de la mycobactérie était instauré et le ruxolitinib était interrompu. L’évolution était rapidement favorable avec apyrexie et sevrage de l’oxygène, amélioration radiologique et fonctionnelle.
Conclusion |
Des cas de PAP survenant précocement après allogreffe ont déjà été décrits. Ce cas est particulier par son caractère tardif et le rôle causal supposé du ruxolitinib. Le ruxolitinib est un inhibiteur des Janus Kinases (JAK) 1–2, utilisé dans les myélofibroses et les GVH sévères. GM-CSF est un facteur de croissance essentiel pour les macrophages ; son récepteur est couplé à une JAK 2. Par l’inhibition des JAK, le ruxolitinib pourrait interrompre le signal du GM-CSF et entraîner un dysfonctionnement des macrophages alvéolaires et l’apparition d’une PAP. L’infection à M. abscessus aurait également pu être favorisée par le ruxolitinib qui altère la fonction des cellules immunitaires locales. Il a été précédemment associé à un risque accru de réactivation tuberculeuse. La chronologie suggère l’implication du ruxolitinib dans l’apparition de la PAP et de l’infection à M. abscessus. Le signalement de ces effets secondaires est essentiel pour cerner le profil de toxicité de ces nouveaux traitements.
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Vol 35 - N° S
P. A125 - janvier 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.