L’objectif de cette étude est d’identifier les facteurs prédictifs de la réussite du sevrage tabagique et leurs interactions dans le pronostic de l’arrêt.

Les données de 1367 consultants dans un centre d’aide à l’arrêt du tabac de Clermont-Ferrand (Auvergne-France) entre 1899 et 2009 (exhaustivité 89 %) sont étudiées. Le sevrage était considéré comme un succès lorsque les patients étaient abstinents 6 mois après le début de la tentative d’arrêt (abstinence évaluée par l’anamnèse pas de prise tabagique quotidienne sur 7jours consécutifs, CO expiré<7 ppm à chaque consultation de suivi : 7, 30, 60, 90, 180jours après le début de la tentative et en cas de besoin). Une analyse statistique avec régression logistique multivariée a été faite permettant d’étudier l’association entre l’arrêt et différents facteurs.

Les facteurs significativement associés à l’échec de la tentative d’arrêt sont : les antécédents de dépression évalués sur l’existence d’une séméiologie évocatrice avec prescription d’un traitement antidépresseur (ORa=0,75 ; p=0,047) mais pas la dépression actuelle (clinique et score du test HAD A+D>20), l’usage associé d’autres substances psychoactives (ORa=0,52 ; p=10⁻¹⁵), l’association de pathologies cardiopulmonaires ou ORL actuelles (ORa=0,65 ; p=0,003). Un score de motivation à l’arrêt (test de Richmond) élevé est indicateur de réussite du sevrage (p=0,0003). Le taux d’arrêt double si la motivation (Richmond) s’accroît, passant d’insuffisante (<6) à modérée (6–8) ; il quadruple quand la maturation de la décision d’arrêt (cycle de Prochaska et Di Clemente) passe du stade de « contemplation » à celui de « préparation » ainsi chez les fumeurs exclusifs de tabac à un stade de « contemplation » le taux d’arrêt à 6 mois est de 65,5 %, il n’est que de 50 % chez les polyconsommateurs au stade de « préparation ».

L’évaluation des différents déterminants de l’état psychologique des fumeurs avant la tentative d’arrêt guide l’accompagnement ; sa personnalisation conditionnant le résultat du sevrage.