Aux États-Unis, le taux de reconstruction mammaire immédiate après mastectomie totale pour cancer du sein est estimé à 40 % en 2011. Le taux global de reconstruction était estimé, en 2007, à 56 %. Il n’existe pas de données dans la littérature scientifique concernant la situation en France. L’objectif de ce travail était d’étudier les taux de reconstruction immédiate (RMI), différée (RMD) et de non reconstruction, après mastectomie totale pour cancer du sein, à partir d’une base de données nationale (PMSI).

À partir des données PMSI entre 2008 et 2014, nous avons inclus l’ensemble des femmes ayant bénéficié d’une mastectomie totale unilatérale. Pour chaque patiente, nous avons d’abord recherché la présence d’un geste de reconstruction mammaire au cours du séjour initial, puis des séjours ultérieurs. L’âge, le type d’établissement de réalisation de la mastectomie, le caractère immédiat (RMI) ou secondaire (RMD), le délai de reconstruction, et le type de chirurgie ont été analysés.

Parmi les 143 524 mastectomies totales incluses, la proportion de RMI était de 17 % et augmentait sur la période de 16,5 % en 2008 à 18,9 % en 2014. Chez les RMD, le délai entre mastectomie et reconstruction était inférieur ou égal à trois ans dans 91 % des cas. Le taux de RMD était de 17,6 % chez les patientes incluses en 2008 et 2009. L’implant était la technique de reconstruction la plus utilisée (59,3 % des RMI et 43,7 % des RMD) suivie du lambeau de grand dorsal (32,9 % des RMI et 38,2 % des RMD). Les facteurs favorisant la reconstruction mammaire étaient : un âge jeune, une mastectomie réalisée dans un centre de lutte contre le cancer, ou par technique de conservation de l’étui cutané, et une indication de chirurgie prophylactique.

En France, plus de 65 % des femmes ne sont pas reconstruites à cinq ans et le taux de RMI est faible comparé aux États-Unis. Ces résultats appellent à la réalisation d’études analytiques sur le sujet.