Les fractures du bassin sont des fractures complexes tant sur leur diagnostic radiologique que sur leur prise en charge thérapeutique. Le traitement chirurgical de ces fractures, et notamment des fractures du cotyle, relève d’un haut niveau d’expertise chirurgicale. L’équipe du service de chirurgie orthopédique de notre centre hospitalier possède cette compétence et opère en moyenne 60 fractures du bassin par an, en faisant un centre chirurgical de référence. Les fractures du bassin sont des fractures traumatiques à haut risque thrombotique avec des chiffres dans la littérature de complications thromboemboliques veineuses variables, de 10 à 50 % et un risque de 0,5 à 10 % d’embolie pulmonaire fatale.

Nous souhaitons recenser le nombre d’évènements thromboemboliques veineux ayant compliqué une chirurgie de fracture du bassin à partir d’une étude rétrospective chez 120 patients opérés d’une fracture du bassin entre janvier 2015 et janvier 2017. Nous avons également pour objectif d’identifier les facteurs de risque associés à ces épisodes thrombotiques veineux en nous appuyant sur le Greenfield Risk Assessment Profile afin de définir des groupes de patients à haut ou faible risque thrombotique.

Nous avons réalisé une étude rétrospective sur 2 ans retrouvant 5 % d’événements thromboemboliques veineux avec 2,5 % d’embolie pulmonaire, dont une responsable d’un décès peropératoire. Le score de Greenfield habituellement utilisé en chirurgie pour évaluer le risque thromboembolique veineux ne semble pas pertinent chez cette population déjà à haut risque thromboembolique veineux. Aucun facteur de risque surajouté indépendant n’a été identifié.

La perspective de notre travail est de mettre en place un protocole d’exploration veineuse préopératoire afin de prévenir les événements thromboemboliques veineux chez ces patients avec fractures du bassin. Ce bilan d’imagerie comprend la réalisation d’un écho-Doppler veineux des membres inférieurs (veine cave inférieure, veines iliaques et veines des membres inférieurs) associé à un scanner veineux abdomino-pelvien dans les 48heures qui précèdent le geste opératoire. Ainsi, nous proposons la réalisation d’une étude prospective monocentrique sur 100 patients consécutifs afin d’évaluer ce protocole de prévention du risque thrombotique dans cette population à risque.