Mésusage et iatrogénie des anticoagulants oraux directs chez les patients atteints de cancer : à propos de trois cas - 19/03/18
Résumé |
Introduction |
Les recommandations internationales pour le traitement curatif de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) constituée chez les malades atteints de cancer reposent sur l’utilisation prolongée des héparines de bas poids moléculaire (HBPM). Les anticoagulants oraux directs (AOD) n’ont pas été comparés aux HBPM dans ce contexte clinique et en l’absence de données probantes, ils ne doivent pas être utilisés en première intention. Cependant, des études observationnelles récentes montrent que ceux-ci sont de plus en plus souvent prescrits.
Malades |
Nous rapportons 3 cas de patients traités par AOD pour MTEV constituée dans un contexte de néoplasie et discutons le mauvais usage et la iatrogénie potentielle de ces médicaments. Le premier cas est celui d’une patiente de 57 ans ayant présenté une embolie pulmonaire traitée par dabigatran dans un contexte d’adénocarcinome infiltrant du sein droit traité par chimiothérapie et hormonothérapie. Le second cas est celui d’un patient de 73 ans traité par rivaroxaban pour une thrombose veineuse proximale diagnostiquée dans un contexte de cancer colorectal traité par hémicolectomie droite et chimiothérapie adjuvante. Le troisième cas est celui d’un patient de 75 ans traité par apixaban au long cours pour MTEV récidivante dans un contexte d’adénocarcinome de la prostate traité par radiothérapie et hormonothérapie.
Discussion |
Bien que les résultats des analyses en sous-groupes des études prospectives randomisées ayant validé l’utilisation des AOD dans le traitement de la MTEV suggèrent que, chez les patients atteints de cancer, les AOD réduisent le risque de récidive de MTEV sans augmenter le risque d’hémorragie, en « vie réelle », le risque de iatrogénie lié à l’utilisation de ces médicaments s’avère élevé chez les patients avec multiples comorbidités, dont le cancer, comme en témoignent les résultats des premières études observationnelles publiées sur le sujet. De surcroît, la prise en charge des complications hémorragiques sous AOD, en l’absence d’antidote, est toujours complexe.
Conclusion |
Ces 3 cas cliniques illustrent les dangers potentiels liés au mésusage des AOD chez les patients atteints de cancer. Une plus large diffusion des recommandations de bonne pratique clinique et une collaboration étroite entre oncologues et médecins vasculaires permettront d’éviter les erreurs de prescriptions chez des patients exposés, du fait de leur maladie néoplasique, à un risque accru de iatrogénie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cancer, Anticoagulants oraux directs
Plan
Vol 43 - N° 2
P. 139 - mars 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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