Les troubles émotionnels sont fréquemment évoqués dans la sclérose en plaques (SEP) mais avec des résultats parfois contradictoires qui sont probablement le reflet de l’hétérogénéité lésionnelle inhérente à la maladie.

Explorer l’expérience émotionnelle positive et négative dans la SEP dans une étude en IRMf, en prenant en compte la variabilité clinique qu’induit cette pathologie.

Vingt-cinq femmes droitières atteintes de la SEP et 27 sujets témoins appariés en âge, sexe et niveau d’éducation regardent durant l’IRMf des scènes émotionnelles qui diffèrent en valence (positive, négative, neutre) et en intensité (faible à forte). Une analyse par régions d’intérêts permet d’étudier le signal moyen et sa variabilité. Un débriefing survient après l’IRMf où le sujet revoit chaque image et côte son expérience émotionnelle subjective. À ceci s’ajoute un bilan cognitif complet.

Des patientes bien préservées sur le plan cognitif présentent une expérience émotionnelle très dispersée par rapport aux sujets contrôles. Une importante variabilité du signal hémodynamique est par ailleurs observée chez nos patientes par rapport aux témoins dans le cortex orbito-frontal gauche lors de la visualisation d’images positives, et dans l’amygdale gauche, le gyrus fusiforme, le noyau caudé et le pallidum droits pour les images négatives.

Lors de la visualisation d’images positives et négatives, d’anormales activations cérébrales sont repérées dans des structures qui sont connues pour être directement impliquées dans la genèse des émotions ou indirectement à travers une modulation sensorielle du stimulius émotionnel. Ces données contribuent à l’émergence d’une expérience émotionnelle modifiée dans la SEP.

Les patients atteints de la SEP présentent une expérience émotionnelle très dispersée qui semble sous-tendue par une mobilisation hétérogène de régions impliquées dans ces processus émotionnels.