Les potentiels tardifs ventriculaires sont des potentiels survenant après la fin du QRS, correspondant à des zones d'activation tardive intramyocardiques à l'origine de phénomènes de réentrée. Ils correspondent à l'activation de fibres survivantes dans les longs circuits entre des zones fibreuses. Ils peuvent être associés à un risque de tachycardie ventriculaire (TV) et de mort subite. On les enregistre directement par cathétérisme endocavitaire ou épicardique. Ils sont rarement visibles sur l'électrocardiogramme standard, dans le segment ST, du fait de leur faible amplitude, et nécessitent en général une amplification 100 fois plus importante et un moyennage du signal pour les sortir du bruit de fond électrique avec un électrocardiographe à haute amplification (ECGHA). La recherche de ces potentiels a longtemps été ciblée pour leur valeur pronostique d'arythmie ventriculaire dans différentes cardiomyopathies droites ou gauches, et en particulier postinfarctus. Après de nombreux travaux entre 1980 et 2000, cette recherche a actuellement une place limitée dans les investigations rythmologiques du fait d'une faible valeur prédictive pour le risque de mort subite, bien que ce dernier ait une bonne valeur prédictive négative de la survenue de tachycardies ventriculaires. L'intérêt actuel de l'ECGHA est qu'il permet de suspecter de façon non invasive l'existence de zones ventriculaires à conduction lente, en particulier devant un trouble du rythme ventriculaire apparemment idiopathique, ce qui amène à pousser les investigations morphologiques comme l'imagerie par résonance magnétique, à la recherche d'une cardiopathie arythmogène. La recherche des potentiels tardifs directement par voie endocavitaire ou épicardique est importante pour localiser un substrat potentiellement arythmogène dans le premier temps des procédures d'ablation des TV.