Morphée généralisée induite par la Cocaïne - 28/04/18
Résumé |
Introduction |
Les sclérodermies cutanées localisées ou morphée constituent un groupe très hétérogène de pathologies auto-immunes qui affectent principalement la peau et les tissus adjacents. La cocaïne a été rapportée comme étant responsable d’états sclérodermiformes. Nous rapportons un cas de morphèe généralisée induite par la cocaïne.
Observation |
Il s’agit d’un patient âgé de 51 ans, sniffeur de Cocaïne depuis 20 ans. Il présentait depuis 14 ans une sclérose cutanée rapidement extensive intéressant le tronc et les membres et épargnant l’extrémité céphalique. Ceci sans phénomène de Raynaud ni autre signe systémique. L’examen clinique initial avait révélé des placards scléroatrophiques avec dépilation et pigmentation périphérique siégeant au niveau des quatre membres et du tronc. La surface cutanée était estimée à 50 %. On notait une sclérodactylie des doigts et des orteils avec synéchies et rétraction en flexion des membres avec impotence fonctionnelle. On objectivait aussi des placards érosifs des faces dorsales des mains et des pieds et une limitation de l’ouverture buccale. Une biopsie en bloc cutanéomusculaire réalisée avait montré un aspect histologique compatible avec une sclérodermie. Le bilan biologique, immunologique et morphologique était sans anomalies. Au vu des éléments cliniques et paracliniques nous avons retenu le diagnostic de morphée généralisée induite par la Cocaïne. Le patient a été mis sous association de Méthotrexate et de corticothérapie avec des soins locaux pendant six mois sans amélioration. Puis, le patient fut mis sous Imatinib avec un sevrage thérapeutique de la Cocaïne.
Discussion |
La sclérodermie localisée ou morphée est caractérisée par une atteinte cutanée exclusive. La morphée généralisée est définie comme des lésions couvrant plus de 30 % de la surface corporelle. La Cocaïne est un puissant agent vasoconstricteur. Elle a été associée à l’apparition des syndromes sclérodermiformes, caractérisés par une sclérose cutanée diffuse et un vasospasme acral avec phénomène de Raynaud et bilan immunologique positif. On sait que la Cocaïne produit une vasoconstriction soit en bloquant la recapture de la norépinéphrine et de la dopamine de l’espace présynaptique soit par un effet vasoconstricteur direct indépendant de l’endothélium vasculaire. Dans notre cas, le diagnostic de morphée généralisée induite par la cocaïne était retenu vu la négativité du bilan immunologique et morphologique et le délai chronologique. Le traitement de la morphée généralisée se base essentiellement sur le méthotrexate associé ou non à la corticothérapie essayés chez notre patient sans succès. La photothérapie a également montré son efficacité. D’autres traitements immunosuppresseurs comme le mycophenolate mofetil ont également été utilisés avec des résultats satisfaisants. De rares cas publiés ont été traité par Imatinib.
Conclusion |
La morphée généralisée peut être induite et entretenue par la Cocaïne illustrée par notre cas.
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Vol 145 - N° 4S
P. A22 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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