Une histoire de mauvaise foi - 28/04/18
Résumé |
Observation |
Un homme de 40 ans consultait en dermatologie pour l’apparition d’une dermatose prurigineuse. Il était suivi depuis 3 mois dans le service d’hépatogastroentérologie pour une cytolyse et une cholestase hépatique à trois fois la normale d’apparition brutale. Le bilan étiologique initial était négatif : sérologies des hépatites virales A, B, C et E tout comme le bilan auto-immun. L’échographie hépatique et le scanner abdominal montraient un foie de taille normale stéatosique. À l’examen clinique, nous constations des lésions papulo-nodulaires excoriées du tronc et des membres supérieurs et inférieurs. Le reste de l’examen clinique était sans particularité en dehors de macules squameuses palmoplantaires et macules balaniques, faisant suspecter un prurigo secondaire à la cholestase hépatique. Cette dernière constatation a conduit à réaliser une sérologie syphilitique : TPHA à 2481 avec un VDRL à 128. La sérologie VIH était négative. Le diagnostic de syphilis secondaire avec hépatite syphilitique était retenu. Le patient, peu loquace, niait toute relation extra-conjugale et affirmait n’avoir que sa compagne depuis 2 ans. Celle-ci ne présentait aucune lésion, les sérologies étaient négatives. Nous le traitions donc par 3 injections d’Extencilline 2,4mUI. A 3 mois de traitement, le prurigo a disparu, le VDRL s’est quasi négative (2 contre 128 au départ) et le bilan hépatique s’est normalisé.
Conclusion |
Nous sommes donc face à une hépatite aiguë cytolytique avec cholestase, responsable d’un prurigo et révélatrice d’une syphilis secondaire. La première description dans la littérature d’atteinte hépatique syphilitique date de 1967. Il est à noter que l’atteinte hépatique n’est pas exceptionnelle dans la syphilis, elle est retrouvée dans 10 % des cas. Elle peut être constatée à tous les stades de la syphilis et être initialement la seule manifestation de la maladie. Elle est dû à la dissémination des tréponèmes à travers la circulation portale vers le foie, facilité par une infection anale ou rectale. Ceci n’est pas mis en évidence dans notre cas, aucune atteinte rectale et le patient nie toute relation avec un homme. Moins d’une dizaine de cas d’hépatites biologiques ou cliniques révélatrices de la maladie ont été rapportés à notre connaissance. L’évolution peut être exceptionnellement gravissime à type d’hépatite fulminante pouvant nécessiter une transplantation hépatique. Le traitement, simple et accessible, permet une résolution des signes cutanéomuqueux et une normalisation des anomalies biologiques en 1 mois environ. Il ressort donc de ce cas que devant des anomalies du bilan hépatique non expliqué par une étiologie évidente (toxique, virale, immunologique ou métabolique) et il semble important de penser à une syphilis et conseillé de réaliser une sérologie syphilitique.
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Vol 145 - N° 4S
P. A26 - mai 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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