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Dosage du baclofène dans les larves de mouches recueillies sur un corps putréfié - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.006 
A. Eibel , A. Farrugia, A. Ameline, L. Gheddar, J.-S. Raul, P. Kintz
 Institut de médecine légale, Strasbourg, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Discuter de l’importance des matrices alternatives (poils et larves de mouches) pour la réalisation d’une expertise toxicologique en présence d’un corps putréfié et application à un décès lié au baclofène.

Introduction

Dans le cas d’un corps en décomposition, peu d’échantillons biologiques restent à disposition du médecin légiste et du toxicologue. En général, seules subsistent des matrices alternatives, telles que des larves d’insectes ou des phanères. L’été est souvent propice à la putréfaction et les auteurs rapportent une situation critique d’un cadavre très décomposé dans le cadre de la recherche des causes de la mort. Les prélèvements conventionnels sont inexistants et une notion d’exposition au baclofène est évoquée. Il n’existe aucune donnée dans la littérature scientifique présentant son identification dans les larves de mouche. Cette observation constitue donc une approche originale pour documenter une éventuelle intoxication.

Description du cas

Nous rapportons le cas d’un homme de 54 ans, découvert à son domicile en état de putréfaction avancée. Ce dernier, connu pour avoir fait une tentative de suicide par le passé, est retrouvé gisant sur le sol de ses toilettes, au milieu de boîtes de Lioresal®. L’examen externe du corps a mis en évidence une putréfaction avancée du cadavre ainsi qu’un début de momification des extrémités des doigts. Le reste de l’examen est sans particularité. À ce stade, aucun élément n’a permis de mettre en évidence les causes du décès. Au décours de l’autopsie, de l’épanchement pleural putride, des poils du corps et des larves de mouches ont été recueillis.

Méthode

Sur l’épanchement pleural et les larves, le dosage de baclofène a été réalisé par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem par simple précipitation dans l’acétonitrile et ajout de baclofène-d4 comme standard interne. Après rinçage et décontamination dans de l’eau tiède et du dichlorométhane suivis d’un découpage en fins segments, les poils ont été incubés dans du méthanol puis soumis à analyse. Les transitions retenues sont les suivantes : m/z 213,9>150,7, 213,9>178,7 et 213,9>196,9 pour le baclofène et m/z 218,0>154,9 pour le baclofène-d4. Le reste des analyses a été classique : recherche d’alcool éthylique par HS-GC-FID sur l’épanchement pleural et criblage médicamenteux et recherche de stupéfiants sur les larves par HPLC-DAD et UPLC-MS/MS.

Résultats

L’analyse de l’épanchement pleural a mis en évidence une concentration en baclofène de 394ng/mL. Dans les larves, le baclofène est à 766ng/g. La stabilité du baclofène a été étudiée dans du sang total. Il a été observé une rapide dégradation chimique de la molécule (−35 % en 3 semaines) quelle que soit la température, dont il convient de tenir compte dans l’interprétation de toute concentration. Si l’on compare les concentrations obtenues aux valeurs toxiques du baclofène rapportées dans le sang, il s’agirait d’une exposition potentiellement létale. Cependant, ayant très peu d’informations sur le devenir du baclofène dans l’épanchement pleural ainsi que les larves, il est impossible d’affirmer avec certitude que ce soit le baclofène qui ait causé la mort de la victime. L’analyse des poils a mis en évidence une concentration de 0,91ng/mg de baclofène. L’ensemble de ces analyses a permis d’affirmer que la victime avait récemment consommé du baclofène et y avait été exposée de façon répétée dans le temps, même si une contamination externe ne peut pas être exclue. Le reste des autres investigations est resté négatif.

Conclusion

L’étude des larves de mouche ainsi que des poils a été déterminante dans la compréhension des causes probables du décès. Les matrices alternatives sont donc un élément important pour le toxicologue afin de documenter au mieux les circonstances de la mort. Cette observation constitue la première identification du baclofène dans des larves de mouche.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 30 - N° 2S

P. S16 - juin 2018 Retour au numéro
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