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Tentative de soumission chimique par la scopolamine : à propos d’un cas - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.015 
E. Alcaraz 1, , L. Dufayet 1, M. Marillier 2, C. Rey-Salmon 1, J.-C. Alvarez 3
1 Service de l’unité médico-judiciaire, hôpital Hôtel Dieu, Paris, France 
2 Centre d’addictovigilance de Paris, hôpital Fernand-Widal, Paris, France 
3 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, hôpital de Garches, Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Présenter un cas de tentative de soumission chimique par inhalation d’une substance à base de scopolamine.

Description du cas

Un homme de 58 ans est examiné sur réquisition au sein des UMJ après dépôt de plainte pour tentative de vol. L’examen se déroule deux jours après les faits allégués. Il nous relate avoir été abordé par un individu sur la voie publique, qui lui aurait appliqué un mouchoir sur le nez et aurait pulvérisé un spray à l’odeur « forte » au niveau du visage. L’intervention d’un tiers aurait mis fin à cette agression. Une dizaine de minutes après, il aurait présenté un malaise avec perte de contact progressive aboutissant à un coma hypertonique. Il a ensuite été pris en charge en réanimation où il présentait à son arrivée une dysarthrie, une dysphasie, des propos incohérents avec probables hallucinations. Ses pupilles étaient en mydriase et peu réactives. Après élimination d’un accident vasculaire cérébral avec la réalisation d’un scanner cérébral revenu sans anomalies, des prélèvements sanguins et urinaires à visée toxicologique ont été réalisés, 4 heures environ après les faits d’agression.

Méthodes

L’éthanol a été recherché dans les échantillons sanguins et urinaires par chromatographie en phase gazeuse avec détection par ionisation de flamme (GC-FID). Un screening toxicologique, suivi d’une analyse quantitative ont été réalisés sur l’échantillon sanguin et urinaire en chromatographie gazeuse (GC-MS) et chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS). Les barbituriques et les stupéfiants ont été recherchés par analyse immunologique dans l’échantillon urinaire.

Résultats

Les analyses effectuées dans l’échantillon sanguin, prélevé à 4 heures des faits, retrouvent uniquement la présence de scopolamine à la concentration de 7ng/mL. De même, dans les urines, seule de la scopolamine a été mise en évidence à la concentration de 510ng/mL.

Discussion

La scopolamine est un alcaloïde tropanique proche de l’atropine, pouvant être extrait des plantes de la famille des Solanacées, dont fait partie le Datura. Cette substance traditionnellement exploitée en Amérique du Sud lors de certains rituels sous le nom de Burundanga, est utilisée à des fins délictuelles depuis plusieurs années en Europe, et notamment en France [1]. À forte dose, elle provoque une amnésie, une altération de la conscience ainsi que des hallucinations, soumettant ainsi les victimes à la volonté de leur agresseur. Un cas de décès après ingestion d’un breuvage contenant une forte dose de scopolamine à récemment été rapporté [2]. Les concentrations thérapeutiques habituelles varient entre 0,3 et 19ng/mL [3].

Conclusion

Ce cas vient compléter les quelques éléments de la littérature sur l’abus de scopolamine et son utilisation dans des cas de soumission chimique. Il souligne l’importance de l’apport de techniques sensibles et spécifiques en toxicologie judiciaire. Ce dossier a également été notifié au centre d’addictovigilance de notre région.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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