Éléments de distribution post-mortem de la 4-méthylethcathinone et du métabolite déséthylé : à propos de deux décès - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
La corrélation entre les concentrations sanguines et les concentrations retrouvées dans les organes est une donnée capitale lorsque l’analyse toxicologique ne peut être réalisée sur le sang périphérique, en particulier pour les nouvelles drogues dérivées des cathinones dont la pharmacocinétique est peu connue. Nous présentons ici la distribution de la 4-méthylethcathinone (4-MEC) et de son métabolite déséthylé dans différentes matrices biologiques dans deux décès impliquant cette seule molécule.
Description du cas |
Cas 1 : un homme de 45 ans est découvert dans l’appartement d’un ami avec du matériel d’injection à proximité. Cas 2 : un homme de 43 ans décède des suites d’un malaise convulsif au cours d’une soirée festive homosexuelle après consommations répétées d’une substance non définie par voie inhalée et ingérée. Dans les deux cas l’autopsie a conclu à un syndrome asphyxique sans autre particularité. Une analyse toxicologique de référence est pratiquée sur l’ensemble de prélèvements disponibles. La 4-MEC a été analysée par LC-MS/MS (3200 QTrap, ABSciex).
Résultats |
Seule la 4-MEC a été identifiée dans les deux cas à l’exclusion de toute autre substance toxique ou médicamenteuse. Les concentrations sont les suivantes (ng/mL) : cas 1, sang périphérique 1650 – sang cardiaque 3583 (rapport C/P de 2,2) – bile hydrolysée 2371. Cas 2, sang périphérique 107 – sang cardiaque 181 (rapport C/P de 1,7) – bile hydrolysée 363 – humeur vitrée 135, urine>5000, estomac<5. La ré-analyse des échantillons conservés pendant 8 mois à +4°C montre une diminution des concentrations d’un facteur 4 dans le sang et 2 dans la bile. Un composé correspondant aux transitions m/z de la méthcathinone (164/146) et (164/131) est présent dans chaque milieu et peut être attribué à la déséthyl-4-MEC [1 ]. La proportion du métabolite déséthylé n’a pu être estimée que sur les surfaces relatives par rapport à la 4-MEC. Qualitativement ce composé apparaît en proportions voisines dans le sang et l’humeur vitrée, de façon variable dans la bile, et très minoritaire dans l’urine.
Conclusion |
La concentration retrouvée après injection (cas 1) apparaît très élevée ; elle est cependant inférieure à un cas comparable retrouvant une concentration de 4-MEC dans le sang fémoral à 14 600ng/mL en présence d’hydroxyzine [2 ]. C’est à notre connaissance la seule documentation multimatrice d’un décès toxique impliquant uniquement la 4-MEC. Dans le cas 2, la 4-MEC a pu être facilitatrice de l’apparition de convulsions malgré des concentrations assez basses par rapport aux données de la littérature [1 ]. Ces deux cas démontrent un phénomène de redistribution post-mortem significatif avec un rapport sang cardiaque/périphérique voisin de 2. La concentration dans l’humeur vitrée semble assez bien corrélée à la concentration sanguine. L’élimination de la 4-MEC apparaît essentiellement urinaire avec une concentration biliaire assez proche des concentrations sanguines et des concentrations urinaires massives. De plus, sur ces données restant à confirmer, la déséthyl-4-MEC n’apparaît pas être une voie métabolique de première importance pour la 4-MEC. Par ailleurs, nous portons l’attention sur la mauvaise stabilité de la 4-MEC dans les prélèvements d’autopsie conservés à +4°C.
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Vol 30 - N° 2S
P. S22-S23 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.