Quels sont les principaux faits marquants des 9 ans de suivi d’addictovigilance de la méthadone ? - 10/05/18

le French Addictovigilance Network (FAN)
Résumé |
Objectif |
En France, la méthadone, agoniste puissant et complet des récepteurs opioïdes de type mu, est indiquée comme traitement substitutif des pharmacodépendances majeures aux opiacés. En avril 2008, la commercialisation de la méthadone gélule a été accompagnée de la mise en place d’un plan de gestion des risques visant à minimiser les risques de décès et de surdosage, d’intoxication accidentelle, en particulier chez l’enfant, d’abus, d’usage détourné et de trafic. Un suivi national d’addictovigilance, de pharmacovigilance et de toxicovigilance a été mis en place. L’objectif de ce travail est de présenter les données médico-pharmacologiques d’addictovigilance analysées pour les 9 années de suivi (15 avril 2008–15 avril 2017).
Méthodes |
Une approche multi-sources à partir des dispositifs de surveillance et de veille sanitaire du réseau français d’addictovigilance (notifications spontanées « NOTS », OSIAP, OPPIDUM, DRAMES) a été effectuée afin de décrire les caractéristiques de consommation de la méthadone et les complications sanitaires associées.
Résultats |
Les principaux faits marquants sont :
– l’augmentation de la part de la méthadone gélule ;
– des prescriptions de méthadone comme traitement substitutif des pharmacodépendances aux antalgiques opioïdes et dans la douleur ;
– l’augmentation de l’obtention illégale de méthadone (88 NOTS sont en lien avec une obtention illégale la 9e année de suivi versus 20 la 1re année ; dans OPPIDUM, 10 % des consommateurs de méthadone l’ont obtenu illégalement en 2016 versus 6 % en 2008) ;
– une consommation associée d’autres opioïdes (dans OPPIDUM en 2016, 22 % des sujets sous protocole sirop et 15 % des sujets sous protocole gélule ont également consommé de l’héroïne dans la semaine) ;
– la consommation de la méthadone sirop et gélule par voie intraveineuse ;
– une augmentation de la consommation de méthadone par des sujets naïfs ou de façon occasionnelle (39 NOTS la 9e année versus 7 NOTS la 1re année) ;
– une augmentation des NOTS en lien avec une nécessité de prise en charge hospitalière avec dans certains cas administration de naloxone (64 NOTS avec prise en charge hospitalière et 13 avec administration de naloxone la 9e année versus 10 et 5 la 1re année) ;
– d’après DRAMES, en 2016, la méthadone est toujours la première substance impliquée dans les décès (n=148 décès) et on observe le nombre le plus élevé de décès où la méthadone est impliquée depuis 2008.
Conclusion |
Dans le contexte de l’augmentation de l’utilisation de la méthadone (+44 % du nombre moyen de sujets sous méthadone entre 2008 et 2014), de ses caractéristiques pharmacologiques et de l’augmentation des indicateurs d’abus, des complications sanitaires graves et des décès, il est important d’alerter la communauté médicale et les patients et rappeler les spécificités pharmacologiques de la méthadone, les facteurs de risque de surdosage et l’intérêt de la naloxone [1 ]. Il serait intéressant de mieux connaître en France les circonstances de décès liées à la méthadone (sujet naïf ou sous traitement, modalités de consommation, consommations associées).
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Vol 30 - N° 2S
P. S23-S24 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.