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Intoxications aiguës volontaires au glyphosate et au carbofurane : présentation de deux cas et facteurs de risques de gravité - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.026 
S. Rouillon 1, , S. El Balkhi 2, Y. Sauvageon 1, J. Lelong 1, B. Brunet 1, P. Mura 1, N. Venisse 1
1 Service de toxicologie et pharmacocinétique, CHU, Poitiers, France 
2 Service de pharmacologie et toxicologie, CHU, Limoges, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Présenter deux cas d’intoxication aiguë aux produits phytosanitaires par ingestion massive, et identifier les facteurs de risques de gravité clinico-biologiques de ces intoxications.

Description des cas

Cas no 1 : monsieur A., 81 ans est retrouvé, conscient, à côté d’un bidon de Kick-Off® (glyphosate 360g/L, sous forme de sel d’isopropylamine). Il en aurait ingéré un verre de 20 cL environ (H0). Initialement stable sur le plan clinique, le bilan biologique retrouve néanmoins une insuffisance rénale, une hyperleucocytose et une acidose métabolique. Son état se dégrade progressivement avec l’apparition de troubles cardiovasculaires avec bloc sino-atrial complet et hypo-perfusion périphérique associés à des marbrures des extrémités. Une endoscopie digestive haute est réalisée à H16, révélant une œsophagite nécrotique sévère. Des prélèvements sanguins sont effectués à H29 et H41 en vue de quantifier le glyphosate et son métabolite, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA). En raison de l’aggravation de son état respiratoire et d’une insuffisance rénale anurique, Monsieur A., décède à j10 malgré des séances de dialyse répétées. Cas no 2 : madame F., 58 ans, est découverte inconsciente par son mari avec une lettre d’adieu près d’elle. Aucune boîte de médicament n’est retrouvée, ni d’alcool. À l’arrivée du SAMU, elle est toujours inconsciente (Glasgow 3) et présente un syndrome cholinergique avec une bradycardie à 40 bpm et un myosis serré, aréactif et symétrique. L’examen aux urgences retrouve une hypertension à 171/91mmHg et le bilan biologique montre une acidose mixte. Devant la récupération rapide de madame F., l’activité cholinestérasique n’est pas mesurée et elle retourne à son domicile à j2.

Un criblage toxicologique par UHPLC-HRMS (Xevo G2-XS QToF, Waters) a été réalisé dans le sang (cas no 1 et no 2) et les urines (cas no 2). Le dosage d’éthanol (cas no 1) a été effectué par immuno-analyse sur un Cobas 8000. Le carbofurane retrouvé au screening ainsi que le glyphosate ont été quantifiés par LC-MS/MS (5500 QTRAP, Sciex).

Résultats

Dans le cas no 1, le criblage toxicologique n’a pas révélé d’autres composés impliqués dans l’intoxication ; les dosages du glyphosate et de son métabolite dans le sang sont présentés dans le Tableau 1.

La demi-vie apparente du glyphosate était allongée (33h versus 4h habituellement) probablement en raison de l’insuffisance rénale. L’éthanolémie était positive à 1,23g/L.

Dans le cas no 2, la présence de carbofurane et de son métabolite a été mise en évidence dans le sang et l’urine aux concentrations présentées dans le Tableau 2.

Conclusion

Dans les 2 cas décrits, les concentrations mesurées étaient très élevées, comparables avec celles observées lors d’intoxications aiguës suite à une ingestion massive. L’évolution a été défavorable dans le cas de l’intoxication au glyphosate. L’analyse de la littérature montre que la molécule ingérée, la dose, les concentrations mesurées à l’admission et l’âge du patient constituent des facteurs de risques à prendre en compte pour caractériser la gravité de ces intoxications.

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Vol 30 - N° 2S

P. S28-S29 - juin 2018 Retour au numéro
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