Administration cachée de NPS et trafic : investigation dans plusieurs matrices dont des vêtements - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Identifier des NPS dans des vêtements et des prélèvements biologiques après administration sournoise à 2 mineurs.
Description du cas |
Un trafiquant a donné une substance à deux mineurs migrants et ces derniers ont présenté spasmes et malaise. Sur réquisition judiciaire, le laboratoire a reçu des échantillons de sang des deux victimes. Selon les enquêteurs, ils sont susceptibles d’avoir été exposés du SGT 151, un cannabinoïde de synthèse. En même temps, il a également été reçu le sang, les urines et les vêtements du trafiquant. Celui-ci se dit consommateur de stupéfiants et NPS.
Méthodes |
Les matrices biologiques ont été extraites en milieu liquide-liquide avec un mélange quaternaire (ether/dichlorométhane/hexane/alcool isoamylique) à pH 8,4. Le sweat-shirt a été découpé au niveau du cou et des aisselles et les morceaux de tissus ont été mis en contact environ 15 heures dans du méthanol, qui a ensuite été évaporé à sec. Les poches de pantalon ont été écouvillonnées par coton tige imbibé de méthanol.
Les stupéfiants, les nouveaux produits de synthèse (NPS) et les médicaments ont été recherchés par LC-MS-MS à l’aide d’un XEVO TQS-micro (Waters). Afin de caractériser les métabolites du SGT 151, celui-ci a été incubé à 37°C pendant 2h avec un pool de microsomes hépatiques humains et les co-substrats nécessaires au fonctionnement des principales enzymes de phase 1 (P450) et 2 (UGT). L’analyse des milieux d’incubation a été réalisée par LC-HRMS à l’aide d’un Xevo-G2-QTOF-XS (Waters).
Résultats |
Chez le trafiquant, les prélèvements de tissus découpés au niveau du cou et des aisselles sont positifs pour l’éthylphénidate, le SGT 151 (Cumyl Peglacone), la cocaïne et son métabolite la benzoylecgonine, l’amphétamine, la MDMA et son métabolite, la MDA, la kétamine et son métabolite, la norkétamine, le méthylphénidate et son métabolite, l’acide ritanilique. L’origine de ces molécules est à rapprocher d’une excrétion par la sueur. Les poches de pantalon sont positives pour l’ethylphénidate, et le SGT151. Les métabolites du SGT 151, identifiés après transformation par des microsomes hépatiques, sont le N-dealkyl SGT151, l’OH-SGT151 et le diOH-SGT151. Dans le sang du trafiquant il a été retrouvé du SGT 151 à 5,4ng/mL et son métabolite le N-dealkyl SGT 151 et de l’éthylphénidate à 5ng/mL. Dans ses urines, il a été retrouvé 2 métabolites du SGT 151, l’OH-SGT151 et le diOH-SGT151, de l’ethylphénidate à 650ng/mL et de l’acide ritanilique à 65 912ng/mL. L’analyse du sweat-shirt, milieu cumulatif par captation de la sueur, apparaît comme plus informative que celle des échantillons biologiques pour établir un profil à long terme de consommation (tant qu’il n’y a pas de lavage) en absence de cheveux. Chez les deux victimes, dans le sang il a été retrouvé du SGT 151 (de l’ordre de 1ng/mL) ainsi que son métabolite, le N-dealkyl SGT151.
Conclusion |
Cette observation présente trois molécules non usuelles aux effets euphorisants, voire stimulant et référencées comme stupéfiant en France, dont le SGT 151. L’étude du métabolisme à l’aide de microsomes hépatiques a été nécessaire pour l’identification des métabolites du SGT151. La caractérisation de nombreuses molécules dans des pièces vestimentaires constitue une approche médico-judiciaire intéressante pour évaluer une consommation à long terme, en particulier en absence de phanères.
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Vol 30 - N° 2S
P. S33 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.