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Dopage – résultat analytique anormal : entre déclaration et science - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.037 
P. Kintz 1, 2, , A. Ameline 1, A. Eibel 1, L. Gheddar 1, J.-S. Raul 1
1 Institut de médecine légale, Strasbourg, France 
2 X-Pertise Consulting, Oberhausbergen, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Discuter les excuses avancées par les sportifs subissant un contrôle antidopage anormal, en regard des connaissances scientifiques.

Introduction

Selon le code mondial antidopage, à la suite d’un contrôle anormal (adverse analytical finding), la charge de la preuve revient à l’athlète. Celui-ci peut mettre en avant de nombreuses explications, comme des considérations environnementales, la déshydratation ou une contamination. Néanmoins, dans tous les cas, le sportif reste responsable de l’ensemble des éléments consommés, alimentation y-comprise. Lors d’une contestation argumentée, l’agence française de lutte contre le dopage (AFLD) ou l’Agence mondiale antidopage (AMA) mettent ensuite en perspectives les explications avancées par les sportifs et leurs experts pour évaluer leur cohérence et, en général, les rejeter. Cependant, depuis le jugement final de l’affaire Richard Gasquet (contamination par de la cocaïne lors d’un baiser – CAS 2009/A/1930), toutes les explications sont, au départ, acceptables, dès lors qu’elles sont supportées par des publications et travaux scientifiques.

Méthode

Depuis une vingtaine d’années, les auteurs ont été interrogés par des sportifs souhaitant démontrer leur bonne foi après un contrôle anormal. Si parfois les explications ont été fantaisistes, comme le dentifrice contaminé par la nandrolone ou le letrozole tombé dans les tortellinis, une revue exhaustive de la littérature a pu être présentée pour documenter des dossiers de dopage, allant, ou non, dans le sens souhaité par les athlètes. Le laboratoire a également été sollicité pour contrôler les analyses urinaires, faire des investigations complémentaires ou réaliser des tests sur les cheveux ou les poils.

Résultats

Dossier 1 : sportif avec une concentration de morphine urinaire supérieure à 1000ng/mL après usage de CoDoliprane. Une étude urinaire contrôlée après administration de 60mg de codéine a permis de montrer qu’il s’agissait d’un métaboliseur ultra-rapide. Dossier 2 : le plasma d’un cheval a révélé la présence de piroxicam, un anti-inflammatoire. Il a été avancé que le palefrenier, sous piroxicam, avait uriné sur la paille destinée à alimenter le cheval et avait ainsi contaminé l’animal. Chez l’homme, le piroxicam est entièrement métabolisé et donc ne peut pas être à l’origine de son identification chez le cheval. Dossier 3 : sportive avec un résultat anormal de zéranol, un inhibiteur de l’aromatase, classé dopant. Le conseil de l’athlète avance une contamination par une mycotoxine, le zéaralénone (non contrôlée), ayant comme métabolite le zéranol. La discrimination entre produit dopant et mycotoxine a été réalisée par une analyse de cheveux. Celle-ci a cependant confirmé une pratique dopante (zéranol positif entre 11 et 34pg/mg sur 3×2cm). Dossier 4 : sportif avec du probénécide, agent masquant, dans ses urines (9ng/mL). Il a pu être démontré que l’origine de la contamination était la conséquence d’avoir embrassé sa compagne quelques instants après que celle-ci eu consommé un comprimé dispersible de Moxylong, un mélange d’amoxicilline et de probénécide. Dossier 5 : à la veille de l’ouverture des jeux olympiques de Rio, un athlète est menacé d’exclusion suite à la caractérisation de 96ng/mL de benzoylecgonine dans ses urines, prélevées 2 semaines auparavant. La fréquentation d’une escort girl ayant consommé de la cocaïne est avancée comme source de contamination. La reconstitution pharmacocinétique des évènements et une analyse négative de cheveux ont confirmé les dires et évité la suspension.

Conclusion

Dans le monde sportif, face à la quête de gloire et d’argent, la triche n’a aucune limite. On estime qu’entre 10 et 30 % des athlètes ont recours à des agents pharmacologiques. Dès lors, la discrimination entre dopage et incident est difficile, chaque partie (agence antidopage et avocat) soumettant l’expert à une pression psychologique dont il est absolument nécessaire de s’affranchir.

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Vol 30 - N° 2S

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