DC-Tox : décès toxiques en Île-de-France en 2016 - 10/05/18

Résumé |
Introduction |
Le dispositif DC-Tox a pour but de collecter les décès pré-hospitaliers par toxiques en Île-de-France et d’identifier les principales substances impliquées afin de permettre l’identification de signaux émergents. Une étude pilote avait été menée pendant une période de 4 mois en 2014 [1 ] et nous présentons ici les résultats pour l’année 2016.
Méthodes |
Lorsque l’origine toxique d’un décès est suspectée suite à une autopsie médico-légale, le médecin légiste recommande au magistrat en charge de l’enquête la réalisation d’une analyse toxicologique. Pour les décès survenus en 2016, les résultats des analyses demandées par les tribunaux de grande instance (TGI) d’Île-de-France ont été colligés par les toxicologues experts des laboratoires TOXLAB et du CHU de Garches au moyen d’une fiche standardisée et anonymisée. Seuls les dosages réalisés dans du sang prélevé au niveau périphérique et retrouvant au moins une substance à dose toxique ou létale ont été retenus. Les valeurs seuil ont été déterminées à partir des données de la littérature. Pour les cas retenus, toutes les substances retrouvées et leurs concentrations étaient consignées.
Résultats |
Cent trois cas de décès ont été retenus pour la période de l’étude. Ils concernaient 60 hommes et 42 femmes (sex-ratio 1,42) de moyennes d’âge respectives 53,1 ans et 44,2 ans. Les substances (ou leurs métabolites) les plus fréquemment rencontrées à doses toxiques ou létales étaient en premier l’éthanol, puis la cocaïne, la méthadone, la zopiclone, le monoxyde de carbone, le bromazépam et l’héroïne. Les substances les plus fréquemment retrouvées quel que soit leur niveau de concentration étaient l’éthanol, le nordiazépam, le paracétamol, la cocaïne, le diazépam, la méthadone et le cannabis. Les médicaments psychotropes à concentrations toxique ou létale étaient plus souvent rencontrés chez les femmes (60 % des femmes et 23 % des hommes, antidépresseurs et anxiolytiques). Les stupéfiants ou leurs traitements de substitution étaient plus souvent retrouvés chez les hommes (45 % des hommes et 14 % des femmes). Les substances retrouvées à la demande des TGI de Paris, Créteil, Évry, Bobigny et Melun étaient majoritairement des stupéfiants illicites ou leurs substituts, alors qu’il s’agissait de médicaments psychotropes, d’éthanol et de monoxyde de carbone pour les TGI de Nanterre, Versailles et Pontoise.
Discussion |
Le nombre de cas de décès analysés en 2016 restant modéré, ces données doivent être interprétées avec prudence. On observe des disparités importantes entre les substances impliquées en fonction de l’âge et du sexe. Les médicaments les plus retrouvés étaient les antidépresseurs (venlafaxine, citalopram, fluoxétine et paroxétine) puis les anxiolytiques (principalement les hypnotiques : zopiclone, bromazepam et zolpidem). Il est intéressant de noter que par rapport à l’étude pilote de 2014, la cocaïne et la méthadone sont bien plus fréquemment rencontrées. Les décès toxiques des 21–30 ans étaient presqu’exclusivement masculins et les substances les plus impliquées étaient la méthadone, la MDMA et la cocaïne.
Conclusion |
Le dispositif DC-Tox permet d’apporter des données annuelles sur l’épidémiologie des cas de décès toxiques pré-hospitaliers. La pérennisation de ce dispositif s’inscrit dans le cadre du développement du dispositif multi-sources de recueil des intoxications aiguës, et pourrait permettre d’apporter un complément aux données du système de surveillance des suicides.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 30 - N° 2S
P. S43 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.