Décès accidentel à la suite d’une injection de B2 Ultra - 10/05/18

Résumé |
Objectif |
Le B2 Ultra est une poudre composée le plus souvent de deux substances chimiques qui varient selon le lieu et la période d’achat sur internet. L’objectif est de présenter un cas de décès par injection de B2 Ultra chez un patient toxicomane.
Description |
M. X., 39 ans, absent de son travail depuis deux jours est retrouvé sans vie, allongé sur son lit, devant son écran d’ordinateur. À côté de son bras, une seringue et un sachet contenant une poudre blanche étiqueté B2 Ultra. L’examen médico-légal met en évidence de nombreux points d’injections au niveau des membres supérieurs et sur le dos des pieds. L’autopsie retrouve un syndrome asphyxique associé à un œdème pulmonaire massif. L’hypothèse principale est un décès de cause toxique avec un probable trouble du rythme cardiaque. Des prélèvements biologiques post-mortem ainsi que le sachet de poudre et deux stéribox retrouvés sur les lieux sont transmis au laboratoire.
Méthodes |
L’alcool a été analysé par HS-GC-FID, le cannabis sanguin par GC-MS et les autres stupéfiants par LC-MS/MS dans le sang périphérique. Un screening par LC-HRMS a été réalisé sur le sang périphérique, les urines, la poudre et les stéribox. Une analyse immunochromatographique a été réalisée sur les urines. Les cheveux ont été analysés en totalité par LC-MS/MS et LC-HRMS.
Résultats |
Les analyses toxicologiques montrent une alcoolémie<0,1g/L, l’analyse immunochromatographique des urines est positive aux opiacés, métamphétamine et méthadone. Le screening du sang périphérique révèle la présence de morphine (<5ng/mL), méthadone (239ng/mL), EDDP (38ng/mL), aripiprazole (<5ng/mL), nordiazépam (9,9ng/mL), éthylphénidate, méthylphénidate, acide ritalinique et méthiopropamine. Les mêmes molécules sont retrouvées dans les urines. Ces 4 dernières molécules ont été quantifiées dans le sang périphérique et cardiaque ainsi que dans les urines (voir Tableau 1).
L’analyse de la poudre et des stéribox montre la présence d’éthylphénidate sur les lieux. L’analyse des cheveux révèle la présence de méthadone, EDDP, aripiprazole, paroxétine, nordiazépam, 4-MEC, éthylphénidate (3056pg/mg), méthylphénidate (7,2pg/mg) et méthiopropamine (386pg/mg).
Conclusion |
Au vu des résultats, le décès peut être imputé à la prise de B2 Ultra, composé uniquement d’éthylphénidate. L’appellation B2 Ultra peut contenir selon le site sélectionné 3-FPM et diphénidine, sur un autre éthylhexedrone et NM-2-AI ou encore éthylphénidate et diphénidine. Ces produits sont donc d’autant plus dangereux que la personne ne sait pas exactement ce qu’elle prend ni quelle est la dose toxique. En ce qui concerne le cas décrit, la concentration d’éthylphénidate est relativement faible par rapport aux concentrations rapportées dans la littérature qui vont de 8 à plus de 2000ng/mL dans le sang périphérique [1 ]. La concentration retrouvée n’est pas nécessairement la concentration présente au moment du décès en raison de l’instabilité de la molécule dans le sang. Il ne peut donc pas être exclu que la prise de B2 Ultra soit la cause du décès de M. X.
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Vol 30 - N° 2S
P. S52 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.