Homicide-suicide par intoxication à l’acébutolol : une approche multimatrice par réseau moléculaire - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Nous présentons ici le cas d’une femme de 70 ans suspectée d’avoir agressé son mari à l’arme blanche, puis assassiné sa belle-fille handicapée avant de se suicider par ingestion d’acébutolol (Sectral®). En compléments des techniques analytiques classiques permettant l’identification et la quantification des xénobiotiques, nous avons utilisé une approche analytique originale : la génération de réseaux moléculaires.
Méthodes |
Des prélèvements biologiques provenant de plusieurs matrices (sang fémoral, sang cardiaque, bile, contenu gastrique et urines) ont été collectés lors de l’autopsie. Une méthode de dosage spécifique a été développée pour quantifier les bêtabloquants dans les matrices biologiques. Après ajout d’étalons internes deutérés, 200μL d’échantillon sont extraits en phase liquide en milieu basique, évaporés à sec, repris par 500μL de phase mobile, puis analysés par CL-HRSM en mode Full Scan. Ces prélèvements ont également été extraits et analysés selon une méthode de screening par un couplage LC-MS en haute résolution (Q Exactive®, Thermo Scientific) sur une colonne Gold PFP (150×2,1mm, 3μm). L’analyse est réalisée en mode MS et MS/MS par ionisation positive et négative au cours d’une même injection. Les données brutes (raw) ont été converties, pré-traitées avec le logiciel MZmine2 puis chargées sur le serveur GNPS (www.gnps.ucsd.edu/) afin de générer le réseau moléculaire visualisé grâce au logiciel Cytoscape®.
Résultats |
Le dosage spécifique par LC-HRMS a permis de quantifier l’acebutolol et un de ses métabolites, le diacétolol, dans les différentes matrices (Tableau 1).
L’analyse des données du screening toxicologique par l’approche de réseau moléculaire permet d’organiser les différents composés, représentés par des nœuds reliés entre eux selon leurs analogies spectrales et formant ainsi un réseau. Ce réseau comporte un cluster spécifique contenant l’acébutolol et ses métabolites. L’approche multimatrice permet de segmenter chaque nœud de manière semi-quantitative selon la matrice analysée et visualiser que l’acébutolol était présent dans toutes les matrices, mais principalement dans le bol alimentaire, son métabolite l’acétolol était surtout présent dans les urines, alors que le dérivé glucuroconjugué et le diacétolol étaient majoritairement biliaires.
Conclusion |
Grâce à une technique analytique performante par LC-HRMS nous quantifions l’acébutolol et son métabolite dans les différentes matrices mettant ainsi en évidence une intoxication par ingestion par voie orale. L’utilisation des réseaux moléculaires permet la mise en évidence de potentiels autres métabolites et leurs visualisations dans différentes matrices.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 30 - N° 2S
P. S54 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.