Intoxication par ingestion accidentelle de cannabis chez les jeunes enfants : une augmentation inquiétante de cas - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Présenter 4 cas d’intoxication sévère au cannabis par ingestion accidentelle chez des enfants entre octobre et décembre 2017 afin d’évaluer la gravité des cas et leur évolution.
Description Les intoxications pédiatriques par cannabis semblent de plus en plus fréquentes. Plusieurs cas ont été décrits dans la littérature [1 ]. Du 13/10/2017 au 31/12/2017, 4 enfants (9 mois à 3 ans) ont été hospitalisés en pédiatrie pour troubles neurologiques aigus. Trois enfants présentaient des troubles de la conscience (somnolence, troubles de la vigilance, hypotonie…) et le quatrième enfant présentait des troubles convulsifs (avec hypothermie et hypoglycémie).
Méthode |
Des dépistages urinaires de stupéfiants et benzodiazépines (immunoanalyse CEDIA®) et d’alcool (DRI® ThermoScientific) ont été réalisés. Le THC et le THC-COOH ont été quantifiés dans le sang par GC-MS. Une analyse segmentaire des cheveux a été réalisée pour les cas 1 et 4 à j2. Le THC, le cannabinol et le cannabidiol ont été quantifiés par LC-MS/MS (le 11-OH-THC n’a pas été dosé).
Résultats |
Seul du cannabis a été mis en évidence dans les urines des 4 enfants. Les concentrations retrouvées dans les dosages sanguins sont présentées dans le Tableau 1.
L’analyse segmentaire des cheveux des cas 1 et 4 a montré la présence de THC de la racine à la pointe de 5426pg/mg en S1 (0 à 2cm) à 11 268pg/mg en S3 (4 à 6cm) pour le cas 1 et de 392pg/mg en S1 (0 à 1cm) à 540pg/mg en S4 (3 à 4cm) pour le cas 4, confirmant l’exposition au THC mais ne permettant pas de conclure sur une éventuelle exposition chronique compte tenu de l’âge des enfants et d’une possible contamination via la sueur [2 ].
Conclusion |
Les concentrations sanguines et capillaires élevées retrouvées chez les 4 enfants confirment des intoxications aiguës par probable ingestion de résine de cannabis. Leur évolution clinique rapidement favorable montre que les concentrations sanguines n’ont cependant pas de valeur pronostique de cette intoxication en pédiatrie [1 ]. Ce type d’intoxication aspécifique étant un motif rare de consultation, la recherche biologique de THC n’est pas systématiquement réalisée chez ces jeunes patients. Cependant, l’augmentation du nombre de cas graves mis en évidence en 2017 par le réseau national d’addictovigilance suggère une probable méconnaissance de ces risques par les usagers [3 ]. Ces données montrent qu’il ne faut pas exclure la recherche de cannabis lors de la survenue de troubles neurologiques aigus chez le jeune enfant.
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Vol 30 - N° 2S
P. S66-S67 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.