Complications graves liées à l’usage par voie injectable d’éthylphénidate : présentation de 2 cas - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Rapporter 2 cas originaux de complications graves liées à l’usage d’un nouveau produit de synthèse (NPS), l’éthylphénidate.
Description |
L’éthylphénidate est un NPS étroitement apparenté au méthylphénidate. C’est un inhibiteur de la recapture de la dopamine et de la noradrénaline. Les premiers cas ont été déclarés au réseau français d’addictovigilance en 2013, et l’éthylphénidate a été classé comme stupéfiant en France par l’arrêté du 17 mars 2015.
Méthodes |
Analyse des données des centres français d’addictovigilance pour l’année 2017 concernant l’usage d’éthylphénidate.
Résultats |
Deux notifications ont été rapportées au réseau français d’addictovigilance en 2017. Le 1er cas, rapporté par le centre de Nantes, concerne un homme de 30 ans ayant des antécédents de toxicomanie traité par méthadone. Suite à l’achat de 4g de cristaux d’éthylphénidate, celui-ci a procédé à 40 injections par voie sous-cutanée sur 3jours : 2h après l’une de ces injections au-dessus de la malléole externe, le patient a rapporté l’apparition d’une douleur associée à un érythème et un œdème local associé à une sensation de brûlure cutanée avec évolution vers la nécrose. Le diagnostic d’érysipèle a été formulé avec prescription d’une antibiothérapie curative probabiliste associée à des soins locaux et mise à plat chirurgicale à j6. L’évolution est favorable à j19 avec un suivi en ambulatoire. Le 2nd cas, rapporté par le centre de Montpellier, est un homme, sans abri, âgé de 29 ans, originaire de République Tchèque, avec des antécédents de polytoxicomanie, d’hépatite C active et de septicémie à SARM lié à l’injection de Subutex®. Après une injection dans l’artère fémorale, le patient a signalé une douleur aiguë dans la jambe gauche avec une sensation de froid. Le patient a été hospitalisé et un scanner a objectivé une ischémie aiguë du membre inférieur gauche au niveau de l’artère fémorale superficielle. Une prise en charge chirurgicale par angioplastie sans pontage a été réalisée, associée à une antibiothérapie curative probabiliste. L’évaluation postopératoire a mis en évidence un début de nécrose distale avec un syndrome des loges motivant une aponévrotomie de décharge. En raison d’une évolution défavorable à 24heures, avec un pied bleu insensible, nécrosant et une perte de sensibilité jusqu’au genou, associée à une rhabdomyolyse sévère, une amputation transfémorale a été décidée pour laquelle les suites postopératoires se sont déroulées sans incident. Une évaluation à distance en présence d’un interprète par un addictologue a déterminé que la substance injectée était de l’éthylphénidate. Dans les 2 cas, l’analyse d’échantillons de substance et/ou une analyse toxicologique de fluide biologique n’ont pu être réalisées.
Conclusions |
Les infections et ulcérations cutanées sont les complications somatiques les plus fréquentes de l’injection d’éthylphénidate comme cela a été décrit dans une publication récente [1 ]. La notification des complications liées à l’injection d’un NPS est importante pour émettre un signal sanitaire et évaluer les risques liés à l’injection de ce type de produits. Une revue de la littérature retrouve des concentrations post mortem de 0,008 à 2mg/L avec l’éthylphénidate imputé comme potentiellement à l’origine du décès pour des concentrations entre 0,01 et 0,47mg/L [2 ]. Afin de préciser ce signal, leur documentation analytique reste indispensable.
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Vol 30 - N° 2S
P. S71 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.