Après la cigarette électronique, le joint électronique - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Rapporter notre premier cas d’e-liquide aux cannabinoïdes de synthèse (CS), survenu avant la mise en garde de l’OFDT, et sensibiliser sur la présence éventuelle de CS dans les cigarettes électroniques.
Description Été 2017, des enquêteurs nous requièrent pour l’analyse d’une cigarette électronique et d’une fiole de recharge contenant un liquide huileux vert-clair saisis sur de jeunes adultes.
Méthodes |
Le liquide vert (5mL) a été analysé en suivant la stratégie analytique définie dans notre plan qualité, à savoir : (i) un dépistage par spectrométrie de mobilité ionique (Ionscan 400 B, Smith Detection) et (ii) une identification par GC/SM (MSD5977, Agilent Technologies) après silylation par SIL-PREP®. En l’absence de standard, la teneur en CS identifié n’a pas pu être déterminée.
Résultats |
Les analyses ont révélé la présence de sucres, de nicotine, de caféine et d’un CS, dérivé du 3-carboxamide indazole : le 5F-ADB (aussi dénommé 5F-MDMB-PINACA ou methyl-[2-(1-(5-fluoropentyl)-1H-indazole-3-caboxamido)-3,3-diméthylbutanoate) ou d’un de ses isomères de position : 2F-ADB ou 3F-ADB ou 4F-ADB. Ce CS a été identifié par comparaison à nos bibliothèques de spectres de référence (librairies privées et commerciales dont notamment la SWGDRUG).
Conclusion |
Le 5F-ADB et ses isomères de position (2F-ADB ou 3F-ADB ou 4F-ADB) sont des CS inscrits sur la liste des substances classées comme stupéfiants. Comme tous les CS fluorés sur la chaîne alkyl, le 5F-ADB et ses isomères sont particulièrement affins pour les récepteurs aux cannabinoïdes CB1 et conséquemment présentent de puissants effets. Le 5F-ADB a été ainsi plusieurs fois associé à des cas de décès [1 , 2 ] ou d’intoxication [3 ]. Notre observation a eu lieu quelques mois avant que la presse généraliste ne rapporte le cas de trafic de Buddha Blue dans la région brestoise. Une nouvelle fois, c’est la méconnaissance des produits et de leur puissance par les usagers, qui semble à l’origine des intoxications relayées dans les journaux. Pourtant l’idée du joint électronique n’est pas nouvelle, dès l’apparition des e-cigarettes à la nicotine, des consommateurs avaient tentés la conversion. Cet essor nouveau s’alimente de (i) la disponibilité des CS en France, de (ii) celle des cigarettes électroniques adaptées aux cannabinoïdes (naturelles et synthétiques), légales dans certaines contrées et de (iii) l’apparent vide juridique quant à la légalité en France des e-cigarettes au cannabidiol ou cannabinol. L’e-joint suivra-t-il uniquement un effet de mode, ou s’installera-t-il pour devenir un nouveau problème de santé publique ?
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Vol 30 - N° 2S
P. S73-S74 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.