ChemSex, NPS et réduction des risques : intérêt de l’analyse de produits - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Valider un programme de réduction des risques et des dommages (RdR-D) dédié aux ChemSexeurs (usagers de substances psychoactives [SPA] en contexte sexuel) et aux Slameurs (injecteurs de psychostimulants dans ce même contexte), basé sur l’analyse des SPA collectées sur deux années en montrant l’apport de l’analyse pour l’usager.
Méthodes |
Ce programme se déroule en 3 étapes : (1) collecte d’échantillons de SPA auprès d’usagers volontaires (questionnaire A, anonyme), (2) Analyse qualitative et quantitative des échantillons par LC-HRMS et RMN, (3) Présentation des résultats d’analyse lors de Focus Group (FG) (entretien collectif dirigé), avec mesure de l’impact du rendu des résultats sur les représentations des usagers envers la RDR-D, l’analyse de SPA et leurs pratiques. Deux outils sont utilisés pour l’évaluation : un score d’impact « avant/après » sur la RdR-D et l’analyse (questionnaire B, anonyme) ; et l’élaboration d’une carte heuristique (représentation graphique des thèmes abordés autour du ChemSex et du slam, grâce à une analyse de contenu des FG à l’aide du logiciel N Vivo®.
Résultats |
De janvier 2016 à décembre 2017, 39 questionnaires A et 66 échantillons de SPA ont été collectés. Trois FG ont été organisés (ntotal=38 participants). Les principales motivations d’usage de SPA en contexte sexuel étaient : désinhibition (n=15), augmentation du plaisir (n=16) et prolongation du plaisir (n=11). Les échantillons collectés étaient principalement des nouveaux produits de synthèse (NPS) avec des psychostimulants de type cathinones de synthèse (alpha-PVP, 4F-PVP, 3-MMC, 4-MEC, etc.), amphétaminiques (2-FMA, méthamphétamine, MDMA, 3-FPM, 3,4-CTMP et BK-2CB), et cocaïne. D’autres SPA, comme la kétamine ainsi que du sildénafil ont été collectées. Les résultats analytiques ont montré une adéquation à 88 % entre la substance annoncée et la molécule identifiée. En ce qui concerne les teneurs, une variabilité très importante est observée. Ainsi, pour les 18 échantillons de 4-MEC, la pureté médiane est de 70 % [Min 13–Max 100 %]. Par ailleurs, les analyses ont révélé la présence de SPA non attendues, telles que des hallucinogènes de type tryptamine (5-MeO-DIPT et 5-MeO-MIPT) et une benzodiazépine de synthèse, l’etizolam. Aucun produit de coupe actif n’a été identifié, excepté pour la cocaïne (lévamisole et phénacétine). Les échanges lors des FG ont montré une amélioration du score d’impact : +2,4 sur 12 points en moyenne sur les connaissances en RdR-D ; +1,2 sur 12 points en moyenne sur les représentations des usagers sur l’analyse des SPA. Sur la base des échanges avec les usagers autour de l’analyse de produit, la carte heuristique distingue 17 thèmes autour de 4 axes principaux (Pourquoi/Comment/Expériences émotionnelles positives et négatives/Toxicités-risques-complications).
Conclusion |
L’analyse qualitative/quantitative de SPA auprès des chemsexeurs est aujourd’hui validée comme un outil de RdR-D par les points suivants : (1) l’importante diversité des produits (NPS), (2) la variabilité qualitative et quantitative des produits utilisés, (3) l’objectivisation de l’amélioration des connaissances et le nombre des thématiques abordées en FG. Face aux complications sanitaires graves liées aux pratiques du ChemSex et du Slam, ce programme de RdR-D devrait être rapidement déployé.
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Vol 30 - N° 2S
P. S73 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.