Saturnisme après une réduction pondérale volontaire - 10/05/18
Résumé |
Objectif |
Nous rapportons une observation de fluctuations de la plombémie chez un travailleur exposé et régulièrement suivi, qui a présenté une perte pondérale importante suite à un régime drastique.
Description |
Un patient de 46 ans présentait des plaintes de crampes abdominales, de nausées et de constipation ayant débuté quelques semaines auparavant. Il n’avait pas d’antécédents médicaux particuliers, excepté une obésité morbide avec un BMI initialement à 44,4. L’examen neurologique central et périphérique était banal. Les examens de laboratoire montraient : hémoglobine 14,6g/dL, volume globulaire moyen 92 fL, plaquettes 245 000/μL, absence de ponctuations basophiles. La fonction rénale et hépatique était normale. L’échographie abdominale excluait une pathologie biliaire ou pancréatique. Le patient était ouvrier depuis 7 ans dans une usine de fabrication et de recyclage de batteries et faisait l’objet d’une surveillance régulière de la plombémie (Tableau 1). Au moment de la consultation, la plombémie mesurée par ICP-MS était de 75μg/dL. Une enquête approfondie menée sur les lieux de travail ne décelait aucune anomalie dans les prélèvements réalisés dans l’environnement ou chez les autres travailleurs. Le patient avouait avoir pris l’initiative d’un régime alimentaire drastique, pauvre en hydrates de carbone et riche en protéines, l’amenant à une perte pondérale de 15kg en 3 mois (poids de 92,5kg lors de la première consultation). Il niait toute prise d’hormones thyroïdiennes, de remèdes ayurvédiques ou non traditionnels. Un suivi biologique était proposé au patient, sans traitement chélateur (Tableau 1). Après 5 mois de suivi, la symptomatologie avait disparu et les plombémies étaient retournées aux valeurs antérieures.
Discussion |
Des coliques saturnines peuvent survenir pour des plombémies supérieures à 80μg/dL, alors qu’un inconfort abdominal peut être observé pour des plombémies de l’ordre de 60μg/dL. Plus de 90 % des réserves profondes de plomb sont liés à la masse osseuse, avec une demi-vie biologique de l’ordre de deux décennies. La grossesse a été associée à une mobilisation significative du plomb par résorption osseuse. Cependant, peu de données sont disponibles quant à une mobilisation secondaire à une perte pondérale importante [1 ]. Un régime pauvre en hydrate de carbone et riche en protéines induirait une mobilisation significative.
Conclusion |
Une perte pondérale importante par un régime pauvre en hydrate de carbone, riche en protéines, pourrait entraîner une mobilisation significative du plomb à partir des réserves osseuses.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 30 - N° 2S
P. S74 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.