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Méthadone et hypoglycémie - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.106 
P.-Y. Henin 1, F. Verschuren 2, V. Huberlant 2, M. Maréchal 2, P. Hantson 1, 3,
1 Département des soins intensifs, cliniques Saint-Luc, Bruxelles, Belgique 
2 Département des urgences, cliniques Saint-Luc, Bruxelles, Belgique 
3 Louvain center for toxicology and applied pharmacology, université catholique de Louvain, Bruxelles, Belgique 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Certaines observations montrent que l’ingestion de hautes doses de méthadone peut exposer à des hypoglycémies parfois réfractaires, par un mécanisme mal identifié [1]. Nous rapportons trois observations documentées par un dosage d’insulinémie et de C-peptide, et pour lesquelles un apport exogène d’insuline ou de médicaments hypoglycémiants a pu être exclu.

Description

Cas 1 : Une femme de 46 ans, héroïnomane sous traitement substitutif par une dose quotidienne de 100mg de méthadone, avait dans un contexte d’imprégnation alcoolique ingéré 500mg de méthadone. Elle était admise pour coma avec acidose respiratoire nécessitant une intubation et une ventilation mécanique. Elle développait de nombreuses extrasystoles ventriculaires et un prolongement de l’espace QT. L’analyse toxicologique sanguine et urinaire était positive pour la méthadone et la trazodone. Elle présentait également 4h après l’admission une hypoglycémie à 50mg/dL qui nécessitait une infusion de G50 %. Celle-ci devait être poursuivie pendant 58h. L’insulinémie était de 110,4pmol/L (<130 à jeun), pour un C-peptide de 0,82 nmol/L (0,21–0,78 pour une glycémie normale) 24h après l’admission, alors que la glycémie était contrôlée sous G50 %. Cas 2 : une femme de 25 ans, ancienne héroïnomane, était sous traitement chronique par une dose quotidienne de méthadone de 600mg. Elle était admise après une ingestion à visée suicidaire d’une dose de méthadone supérieure à la dose journalière prescrite. La patiente était en coma flasque, avec des périodes d’agitation. La glycémie initiale était de 43mg/dL. L’insulinémie était de 78,9pmol/L, pour un C-peptide de 0,7 nmol/L. L’analyse toxicologique sanguine et urinaire retrouvait la méthadone à l’exclusion d’autres produits. Malgré la perfusion de G30 %, la glycémie mettait 8h à se stabiliser, l’apport de glucose étant interrompu après 24h. Cas 3 : Un homme de 30 ans était retrouvé inconscient à domicile. On relevait une consommation habituelle de cannabis et de diazépam, mais pas de méthadone. L’examen neurologique à l’admission (coma avec GCS 3/15, pupilles en myosis) était compatible avec une imprégnation opiacée. La glycémie initiale de 297mg/dL tombait en 1h à 23mg/dL nécessitant l’administration de glucosé hypertonique. À ce moment, l’insulinémie était de 100,4pmol/L, pour un C-peptide de 1,03 nmol/L. La glycémie se stabilisait difficilement sous perfusion de G10 %, maintenue pendant 24h. L’analyse toxicologique était positive pour la méthadone et le cannabis. Le patient reconnaissait a posteriori avoir accepté quatre gélules de méthadone d’un ami.

Discussion

La méthadone a été rapportée comme pouvant induire des hypoglycémies dans des observations cliniques et dans un modèle expérimental [2]. Le mécanisme en est encore mal identifié. Il est probablement en relation avec l’importance de la dose ingérée. Comme suggéré par les dosages d’insulinémie et de C-peptide, il ne semble pas qu’une stimulation directe de la sécrétion pancréatique soit en cause. Un effet sur le récepteur opioïde μ est suggéré, car dans le modèle animal, l’hypoglycémie peut être prévenue par l’administration d’un antagoniste μ-sélectif [2].

Conclusion

Sous certaines conditions, la méthadone entraîner des hypoglycémies réfractaires ; la dose ingérée n’est pas toujours connue, parfois l’hypoglycémie survient dans un contexte d’escalade de dose ou de suicide.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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