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Redonner une identité à 7 momies précolombiennes : intérêt de l’analyse capillaire toxicologique - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.109 
A. Knapp-Gisclon 1, 2, , I. Etting 1, 2, N. Fabresse 1, 2, C. Tilleux 3, S. Lemaitre 3, J.-C. Alvarez 1, 2
1 Laboratoire de pharmacologie/toxicologie, CHU R.-Poincaré, AP–HP, Garches, France 
2 Université Versailles–St-Quentin-en-Yvelines, France 
3 Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles (MRAH), Belgique 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Le projet de recherche IRAM a pour but d’étudier de manière pluridisciplinaire les restes de 7 momies andines, conservées depuis 1840 aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, afin de leur redonner une identité. Dans ce contexte, nous avons réalisé une étude toxicologique des cheveux de 5 de ces momies (datées d’environ −900 av J.C. à 1450 ap. J.-C.) ainsi que d’une tresse retrouvée à proximité d’un des individus afin de connaitre leur exposition à différentes drogues d’origine végétale.

Méthode

Les mèches sont lavées au dichlorométhane et à l’eau chaude puis découpées finement. Lorsque cela était possible, des segments de 2cm ont été réalisés. Les cheveux subissent ensuite une hydrolyse à pH 5 à 95°C pendant 10minutes en présence d’un mélange d’étalons internes deutérés. L’extraction est réalisée par un mélange hexane/acétate d’éthyle à pH5. L’extrait est analysé sur une chaine UPLC-MS/MS (Endura, Thermo Fischer®). La séparation est réalisée sur une colonne Hypersyl Gold PFP (200×2,1mm, 1,9μm), l’élution est en mode isocratique avec un mélange d’acétonitrile et de tampon formiate 2mM, 0,1 % d’acide formique. Ont été recherchées 25 molécules dont la cocaïne, la nicotine, la caféine, la bufoténine et la diméthyltryptamine (DMT).

Résultats

De la cocaïne a été mise en évidence dans les cheveux de 3 des 5 momies analysés et sur la tresse à des concentrations extrêmement faibles (médiane : 2pg/mg IQ25–75 : 1,4–2,6pg/mg), la benzoylecgonine (BZE) a été identifiée dans l’ensemble des échantillons (médiane 10pg/mg, IQ25–75 : 8–40pg/mg) et la norcocaïne dans 4 échantillons (8pg/mg, IQ25–75 : 6–11pg/mg). De la caféine a été retrouvée dans l’ensemble des mèches analysées. La concentration médiane est de 284pg/mg (IQ25–75 : 168–678pg/mg). La nicotine et la cotinine ont également été retrouvées dans l’ensemble des mèches analysées à une concentration médiane de 878pg/mg (IQ25–75 : 444–1805pg/mg) pour la nicotine et 100pg/mg (IQ25–75 : 65–205pg/mg) pour la cotinine.

Discussion

Les concentrations de cocaïne sont très faibles, cependant la présence de norcocaïne dans 4 échantillons semble en faveur d’une absorption de cocaïne. Seul un des individus ne présente pas de norcocaïne ne permettant pas d’exclure une contamination externe par la cocaïne. Ces concentrations sont beaucoup plus faibles que celles observées dans d’autres momies de la région d’Areca (cocaïne : 250±90pg/mg et BZE : 2100±90pg/mg) [1]. Cela peut s’expliquer par une consommation moins importante de cocaïne, un mode de consommation différent, mais une dégradation est également probable. En ce qui concerne la caféine, les concentrations présentent également une variabilité selon les individus et parfois au sein des différents segments d’un même individu. Ces résultats semblent cependant indiquer une exposition chronique et relativement importante à la caféine pour l’ensemble des individus. Des études concernant la présence de nicotine dans des cheveux de momies précolombiennes ont déjà été réalisées mais c’est la première fois que la cotinine est retrouvée. La présence de cotinine, métabolite de la nicotine, permet de différencier une absorption de nicotine d’une éventuelle contamination externe, notamment lors de la manipulation des momies depuis leur découverte. De plus, d’après les Musées Royaux d’arts et d’histoire de Bruxelles, à l’époque précolombienne, le tabac n’était pas fumé mais ingéré par voie orale, rendant impossible toute exposition passive à la fumée du vivant des individus.

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