Le travail de femmes enceintes est fréquent en laboratoire de recherche. Des études ont montré que l’exposition à plus de trois risques professionnels induisait un risque accru d’accouchement prématuré et que le travail en laboratoire en général pouvait exposer à un surrisque de retard de croissance in utero et de petit poids de naissance. Cependant peu d’éléments sont disponibles sur l’activité et les risques auxquels les femmes enceintes sont exposées en laboratoire de confinement de sécurité biologique de niveau 3 (L3).

Étudier l’activité des femmes enceintes travaillant en L3 et évaluer les risques, en particulier biologiques et chimiques, auxquels elles sont exposées. Évaluer la prévention collective et individuelle mise en place afin de protéger leur état de santé et celle de l’enfant à naître. Proposer des recommandations et une aide à la réalisation des études de poste dans ce contexte.

Nous avons réalisé une revue de la littérature portant, pour chaque pathogène manipulé en L3 à l’Institut Pasteur Paris en 2017, sur les voies de contamination en laboratoire, les tâches de travail à risque, les effets d’une infection par le pathogène pendant la grossesse, et ceux du traitement en cas d’exposition accidentelle. Trois études de poste de femmes enceintes travaillant en laboratoire ont complété notre analyse.

Dans les L3 de l’Institut Pasteur Paris en 2017 sont principalement manipulés des virus dont l’infection peut impacter la grossesse. Les voies possibles de contamination en laboratoire sont la voie parentérale (utilisation d’aiguille), l’inhalation d’aérosols (centrifugation) et le contact direct sur les muqueuses ou la peau lésée (projection). Il n’y a pas de protection collective adaptée au risque chimique dans le L3 notamment du fait des contraintes imposées par la maîtrise du risque biologique. Cependant, les mesures d’exposition au para-formaldéhyde en L3 étaient inférieures au seuil de détection. Les trois études de poste ont montré que l’évaluation des différents espaces de travail et de la co-activité était indispensable, ainsi que l’analyse de l’organisation du travail dans l’équipe pour assurer un aménagement du poste pendant la grossesse et sensibiliser d’autres utilisateurs aux bonnes pratiques en laboratoire.

Aujourd’hui peu d’études sont disponibles sur le travail des femmes enceintes en laboratoire de recherche. Le travail en L3 expose à des risques multiples liés à l’activité de la salariée, à la co-activité et à l’organisation du laboratoire. L’évaluation globale de l’activité par une étude de poste et l’information de la salariée enceinte sur les risques sont indispensables pour le maintien au poste en toute sécurité.