Les troubles musculo-squelettiques cervicales (TMSC) représentent un fréquent problème de santé au travail, en déterminant absentéisme, changement et éventuellement perte d’emploi. Toutefois, la caractérisation des TMSC autant que maladies professionnelles remains débattue. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer la prévalence des TMSC, et d’identifier les expositions professionnelles qui y sont associées, dans une cohorte de salariés.

Entre 2012 et 2013, a été constitué un échantillon de 473 salariés travaillant dans 31 entreprises privées de l’industrie de la transformation de la viande (Provinces de Parme et Modène). Les salariés de la cohorte ont été évalué au niveau musculo-squelettiques par deux médecins du travail certifiés, qui ont aussi personnellement analysé les risques spécifiques auquel les travailleurs étaient exposés (e.g. flexion/extension prolongé du cou, exposition à outils vibrants, etc). Les TMSC ont été définies par la présence de douleur à la palpation des muscles paravertébraux du cou et/ou des apophyses spinales, avec/sans douleur à la movimentation active/passive. Les associations entre les TMSC et les conditions de travail actuelles ainsi que les facteurs psychosociaux ont été analysées pour chaque sexe séparément, grâce à des modèles de régressions de Poisson avec détermination des « proportional rate ratios » (PRR) correspondants.

Parmi les 397 salariés (59,2 % hommes) qui complétaient l’enquête, 49 (12,3 % ; 51,0 % hommes) présentaient des TMSC. Parmi les facteurs professionnels analysés (i.e. rythme de travail, soutien des collègues, exposition à outils et/ou outils vibrants, manutention manuelle de poids lourdes, travail bras en l’air ou éloignés du corps associés, flexion/extension forcée du cou, travail à la chaîne), seule l’exposition prolongée à températures<17°C était associé aux TMSC (PRR 2,510 IC 95 % 1,152 ; 5,469). D’autre part, la sédentarité (PRR 2,583 IC 95 % 1,173–5,687) et une histoire personnelle de douleur lombo-sacrée (PRR 2,003 IC 95 % 1,006–3,986) étaient associées aux TMSC.

Cette étude a été réalisée dans un échantillon de salariés de l’industrie de la transformation de la viande, notamment parmi les plus exposés à hauts niveaux de contraintes professionnelles. Bien que notre étude confirme une forte prévalence (12,3 %) des cervicalgies en milieu professionnel, nos données confirment le manque d’une convaincante association entre TMSC et facteurs de risque professionnels. Leur caractère est donc multifactoriel, avec un rôle significatif et tout à fait prépondérant pour les facteurs de risque individuels.