L’intervention présentée dans ce résumé résulte d’une demande d’un médecin du travail s’interrogeant sur la santé musculosquelettique des médecins légistes du service de Thanatologie. Après plusieurs visites médicales, le médecin du travail a constaté que la plupart des médecins légistes souffraient des membres supérieurs et notamment de l’ensemble poignet–main. Ces douleurs seraient issues de l’activité d’autopsie. Au regard de ces éléments, l’ergonome a été sollicité afin de définir les contraintes du travail qui seraient à la source des troubles musculosquelettiques (TMS) et d’identifier des pistes d’améliorations dans le but de limiter et/ou éliminer les TMS.

Les objectifs étaient les suivants : identifier les déterminants de l’activité actuelle d’autopsie et les contraintes qui y sont associées ; accompagner l’équipe dans la recherche d’axes de limitation et de prévention des TMS.

La méthodologie a consisté en un temps d’immersion pour découvrir l’activité d’autopsie et identifier les composants principaux de l’activité. Des entretiens individuels ont été effectués. Ils ont été suivis par des observations approfondies sur 3 autopsies. Ces observations ont consisté notamment au déploiement de l’outil Captiv^® dans le but d’obtenir des données biomécaniques précises sur les sollicitations ostéo-articulaires. Finalement, les résultats ont été restitués aux opérateurs et à l’encadrement.

Les investigations ont permis d’identifier les déterminants de l’activité lors des autopsies : les conditions de travail environnementales et organisationnelles, le matériel, le type d’examen, le type de corps, la formation et les relations professionnelles. L’ensemble poignet–main est en forte contrainte selon l’utilisation des instruments et des examens à réaliser. Ces contraintes sont liées à la bonne utilisation des instruments, à l’état des instruments et à l’état du corps examiné. D’autres contraintes observées relèvent de la variabilité de la taille des opérateurs (hauteur de la table d’autopsie lors du travail en binôme de deux médecins légistes), des équipements de protection individuels utilisés (3 paires de gants en même temps, combinaison de protection, bottes en caoutchouc).

Suite aux résultats obtenus, les pistes de préconisations envisagées s’organisent autour de 3 axes : un axe sur le matériel, un axe sur la formation et un axe sur l’organisation. Ces préconisations sont à mettre en relation avec les marges de manœuvre à disposition des médecins légistes lors de la réalisation des autopsies. Elles questionnent le pouvoir d’agir des opérateurs dans le développement de leur activité.