Les études portant sur les activités de soins de conservation sont rares. L’exposition au formaldéhyde (FA) a surtout été étudiée au sein des laboratoires d’anatomo-pathologie. Nous avons mesuré les concentrations de FA et de méthanol auxquelles étaient exposés les thanatopracteurs pendant les soins et le taux ambiant résiduel de FA dans la salle, sur une semaine, afin d’évaluer le risque pour les autres professionnels du secteur funéraire.

Dix-neuf mesures ont été réalisées dans 8 établissements (mesures d’ambiance et proches de l’opérateur) pour le méthanol et le FA. Les prélèvements ont été effectués par mesures de concentration soit de façon active à l’aide d’une pompe, soit de façon passive à l’aide de badge. L’étude s’est déroulée d’octobre 2016 à avril 2017. Quatorze mesures ont concerné le FA et 5 le méthanol. Six mesures de FA sur l’opérateur pendant un soin ont été réalisées (dont 3 à l’aide de capteurs actifs) et 3 mesures de méthanol. Dix prélèvements d’ambiance (8 pour le FA dont 3 par capteurs actifs et 2 pour le méthanol) ont été effectués. La durée des soins variait de 42minutes à 2heures 15minutes. Six salles ont bénéficié à la fois d’une mesure sur l’opérateur et d’une mesure d’ambiance. Parallèlement ont été effectuées les fiches d’entreprise de ces établissements et des questionnaires portant sur les pratiques professionnelles et le port des EPI ont été distribués à l’ensemble des salariés.

Concernant le FA, les concentrations moyennes mesurées pendant les soins au niveau des voies respiratoires du thanatopracteur, vont de 0,02ppm à 3,8ppm. Les VME mesurées dans la salle à l’aide de capteurs actifs vont de 0,02ppm à 1,4ppm. Les mesures de VME à l’aide de capteurs passifs laissés en place 7jours, retrouvent des valeurs allant de 0 à 0,16ppm. Concernant le méthanol, 3 mesures ont été effectuées au niveau de l’opérateur et vont de 1,3 à 2,8ppm et les VME au niveau de la salle sont de 1,4 et 2,2ppm.

Concernant le FA, une seule VME (3,8ppm) dépasse les valeurs recommandées par la circulaire française de 1993 et deux autres sont juste inférieures à cette limite. Mais si l’on se réfère aux préconisations de l’AFSSET (2008) 4 mesures dépassent la limite. Les valeurs pour le méthanol sont très inférieures aux normes recommandées. Au vu des résultats des prélèvements d’ambiance, nous pouvons conclure que le risque pour le personnel n’effectuant aucune activité de soins, mais d’autres tâches dans la salle s’avère peu élevé. Il est essentiel d’insister sur la nécessité d’utiliser des extracteurs lors des dilutions, sur une aération correcte des salles et de renforcer l’information des salariés sur le port des équipements de protection.