La dépollution des sols est en expansion en France du fait de la réhabilitation d’anciens sites industriels et de l’action des pouvoirs publics. L’impact environnemental des sols pollués a été beaucoup étudié, en revanche l’impact sanitaire pour les travailleurs assurant la réhabilitation de sites pollués est peu documenté. L’objectif de cette étude était d’évaluer les expositions professionnelles aux polluants chimiques lors d’activité de dépollution des sols.

Quatre sites regroupant chacun des pollutions variées liées à d’anciennes activités (fonderie, mines, stockage de gaz, équarrissage) ont été inclus dans l’étude, représentant 9 chantiers. Sur chaque chantier ont été réalisés des prélèvements de sol, ainsi que des prélèvements individuels atmosphériques et urinaires sur les 25 opérateurs impliqués dans la réhabilitation. Les polluants analysés incluaient les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les métaux (sols, air, urines), les particules (air), les hydrocarbures totaux (HCT) et PCB (sols). Des fiches de renseignements ont été renseignées systématiquement et incluaient l’historique des sites, les co-expositions, les équipements de protection et les conditions météorologiques.

Les prélèvements de sols ont mis en évidence des pollutions variables, avec des métaux lourds (Arsenic, Plomb) et des HCT (C10–C40) prépondérants, à des taux pouvant atteindre jusqu’à 1000 (métaux) à 10 000 (HCT)mg/kg. Les concentrations atmosphériques étaient proportionnellement plus faibles en HAP et métaux et pas toujours corrélées aux niveaux dans les sols. Les concentrations urinaires de métaux toxiques et de métabolites des HAP étaient faibles, en cohérence avec les niveaux atmosphériques et les protections collectives (cabines ventilées) ou individuelles (masques) utilisées. Les expositions ne dépassaient pas les valeurs maximales admissibles et en majorité similaires ou légèrement supérieures aux valeurs observables en population générale, indiquant une bonne protection. Seul un chantier était associé à des expositions élevées en HAP dont l’origine supposée était une co-exposition à des poussières de créosote issues de traverses de chemin de fer manipulées lors de la réhabilitation du site.

Cette étude a permis d’évaluer l’exposition professionnelle des travailleurs des sites de dépollution, jusqu’à présent peu décrite. Nos 1^er résultats montrent que les niveaux de pollution dans les sols donnent une indication précieuse sur les familles de polluants concernés, mais ne sont pas nécessairement prédictifs de l’exposition professionnelle des agents sur les sites de réhabilitation des sols, nécessitant un suivi métrologique individuel.