Les unités de méthanisation, notamment les unités centralisées et celles dédiées aux ordures ménagères, traitent de grandes quantités de déchets et dégradent leur fraction fermentescible afin de produire du biogaz et des digestats valorisables. Les salariés de ces unités sont soumis à de nombreuses contraintes : rythmes de travail difficiles, bruit des équipements et exposition potentielle à des composés gazeux ou aérosols délétères d’origine biologique ou chimique. L’étude INRS « Prévention des risques chimiques et biologiques dans les unités de méthanisation » a été mise en place afin d’évaluer les niveaux d’exposition des salariés de ce type d’unité à ces composés. Plusieurs campagnes de mesures ont été réalisées en entreprise pour évaluer les expositions à l’ammoniac, polluant majeur de ce type d’activité, mais aussi aux COV, poussières, N₂O, CO, H₂S et bioaérosols. Un grand nombre de données a pu être recueilli au sein d’unités aux nombreuses zones et postes communs, mais aux fonctionnements très différents.

Différentes techniques de mesurage, à poste fixe et en individuel, ont été déployées : des prélèvements classiques actifs en différé selon les fiches Metropol avec comparaison avec une VLEP lorsque c’est possible et des mesures en temps réel à l’aide de détecteurs portables sur la durée du poste permettant, outre la mesure de la concentration en polluant, d’observer des pics d’exposition en fonction des zones de travail et des tâches réalisées. Plusieurs types et modèles de détecteurs, pour lesquels un protocole strict de vérification et de calibrage a été respecté, ont été mis en œuvre.

Dans le cas de l’ammoniac, à chaque détecteur a été associé un prélèvement classique, au même endroit et durant la même période de fonctionnement. En réalisant une moyenne des valeurs mesurées en temps réel sur la durée du prélèvement classique, les deux types d’évaluation ont pu être comparés et des corrélations établies. Il ressort de tous les essais de terrain une corrélation linéaire entre les deux types de mesure, que ce soit pour les prélèvements effectués en ambiance ou en individuel. Ces résultats concluants suggèrent que l’utilisation combinée de la détection en temps réel et des prélèvements classiques est possible afin de qualifier et quantifier l’exposition à l’ammoniac. D’autre part, certains salariés ont été suivis spécifiquement pendant la durée de leur poste, leurs activités et les lieux fréquentés ont été enregistrés en temps réel sur une tablette tactile Androïde, puis synchronisés avec les pics d’exposition enregistrés par le détecteur à l’aide d’un outil d’analyse visuelle sur un graphique Excel. Cette technique permet la corrélation entre exposition et séquence d’activité.