L’évaluation du risque chimique sur un site de raffinage est au cœur de l’activité des services de santé et d’hygiène industrielle. Si l’évaluation de certains risques, comme le benzène et le furfural, est relativement aisée, celle du « risque hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) », en particulier, molécules cancérogènes ou suspectées, est difficile. Nous nous attacherons à en décrire l’intérêt, les difficultés de mise en œuvre, les actions menées et leur bilan.

La bibliographie concernant le risque HAP cancérogène d’origine pétrolière est peu abondante. La proportion de Benzo(a)pyrène dans les bitumes de pétrole est évaluée à 1/10 000 comparé au brai de houille. La question de l’exposition aux HAP suspectés/cancérigènes mérite certainement une évaluation.

Les études ont été menées dans un secteur de conversion qui traite la partie lourde des coupes pétrolières, issues de procédés de distillation, et produit, en particulier, des bases de bitumes et d’huiles. L’évaluation de l’exposition doit se faire en marche normale des unités, ce qui est traité dans le plan d’hygiène industrielle annuel, lors des phases d’arrêts (rinçage d’unité par des fluxants avant ouverture et dégazage, travaux de décokage manuel avant travaux), ainsi que lors des évènements d’exposition accidentels. Les sources d’HAP proviennent à la fois des produits du process, variables selon les installations, les coupes traitées et le type de fluxant utilisé, et peuvent se présenter sous forme gazeuse et particulaire. Les voies de pénétration peuvent être cutanée ou respiratoire.

Nous avons depuis trois ans entrepris des actions dans les différentes phases d’activité décrites : mesures atmosphériques en points fixes et prélèvements actifs en marche normale et phases d’arrêt, analyses de fluxant et de coke, indices biologiques d’exposition (IBE) urinaires [500 IBE – 1-hydroxypyrène, 3 benzo(a)pyrène et naphtols], Prélèvements surfaciques dans le cadre d’une étude de l’INRS. Bilan des actions et perspectives. Les analyses réalisées sur les différents supports montrent des variations de composition et nécessitent d’être poursuivies. L’analyse de différents types de fluxants a conduit à une recommandation, suivie par l’entreprise, d’acheter et d’utiliser le type de produit contenant le moins d’HAP cancérigènes. La protection respiratoire était bien prise en compte et les résultats d’IBE ont permis d’attirer l’attention et d’améliorer la protection cutanée : gants, surcombinaisons, chaussures, et d’insister sur leur renouvellement. Les nombreux IBE réalisés sur l’ensemble des phases d’arrêt ont permis de valider l’efficacité de ces deux points de prévention.