Paludisme dans l’Océan Indien : Mayotte et Comores, même combat ! - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
Situé dans l’Océan Indien, le département de Mayotte est l’une des îles de l’archipel des Comores caractérisé par une transmission endémique du paludisme. Grande Comore, Anjouan et Mohéli constituent l’Union des comores (UC) où le programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a permis le contrôle de la maladie. Mayotte est désormais en phase d’élimination du paludisme grâce au renforcement de la lutte antipaludique initié en 2001 mais le flux migratoire peut être une menace de réintroduction pour le territoire. Notre objectif est d’évaluer la situation épidémiologique du paludisme de l’archipel des Comores et le risque de réintroduction à Mayotte via les cas importés.
Matériels et méthodes |
Nous avons colligé les fiches de notification de cas de paludisme établies de 2002 à 2017 par les médecins et biologistes de Mayotte. Était considéré comme « paludisme d’importation », tout cas chez une personne déclarant avoir séjourné pendant la période présumée de contamination dans une zone de transmission du paludisme extérieure à Mayotte. Les données de l’UC sont fournies par le PNLP et l’OMS.
Résultats |
À Mayotte sur cette période, 6569 cas de paludisme ont été notifiés dont 4808 autochtones (73 %) et 1761 importés (27 %). L’incidence des cas autochtones est passée de 10,3 ‰ en 2002 (1649 cas) à 0,04 ‰ en 2017 (9 cas). Alors que les importés ne représentaient que 10 % des cas en 2002 (192 cas), la proportion atteint 80 % depuis 2013 (124 cas). Ces cas proviennent pour 75 % de l’UC, 17 % de Madagascar et 8 % d’Afrique subsaharienne. Pour l’UC entre 2010 et 2016, 169550 cas confirmés ont été enregistrés. L’incidence annuelle est passée de 49,7 ‰ en 2010 (36 538 cas) à 2,08 ‰ en 2016 (1657 cas) mais avec des progrès variables selon les îles. Deux sont entrées en phase d’élimination avec une incidence inférieure à 1 ‰ : Anjouan depuis 2013 et Mohéli depuis 2014. L’incidence est de 0,03 ‰ (10 cas) à Anjouan et 0,11 ‰ (6 cas) à Mohéli en 2016. Toutefois, l’incidence demeure supérieure à ce seuil en Grande Comore ; 4,05 ‰ (1641 cas). Les données provisoires de 2017 confirment la baisse de transmission à Anjouan et Mohéli mais révèlent une inquiétante augmentation en Grande Comore (5000 cas).
Conclusion |
Toute recrudescence du paludisme aux Comores menace Mayotte via les cas importés. L’élimination et la prévention de la réintroduction du paludisme à Mayotte ne peuvent que bénéficier d’une coopération technique régionale transfrontalière avec les pays voisins dont l’UC. Une première réunion d’experts associant les partenaires régionaux a eu lieu fin 2017 à Mayotte afin d’apporter les bases d’une réflexion pertinente pour un programme inter-îles harmonisé de lutte contre le paludisme.
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Vol 48 - N° 4S
P. S105 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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