Influence du statut vaccinal sur la survenue de la mort inattendue du nourrisson - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
Malgré les campagnes nationales de promotion du couchage sur le dos, la Mort inattendue du nourrisson (MIN) reste aujourd’hui la principale cause de mortalité postnatale dans les pays développés. Depuis 2015, l’Observatoire national des Morts inattendues du nourrisson (OMIN) collige des données épidémiologiques prospectives afin de proposer des stratégies de prévention optimisées et de développer des recherches innovantes dans ce domaine. Alors qu’environ 50 % des MIN restent inexpliquées, l’origine infectieuse est souvent mentionnée lorsqu’une étiologie est retrouvée. C’est dans le contexte actuel de scepticisme vaccinal entraînant une couverture vaccinale suboptimale en France, que cette étude cas-témoins multicentrique prospective nationale vient analyser l’influence du statut vaccinal sur la survenue de la MIN.
Matériels et méthodes |
Tous les enfants de moins de 2 ans admis pour une MIN dans l’un des 30 centres de référence (CR) de l’OMIN entre mai 2015 et janvier 2017 ont été inclus prospectivement. Deux témoins par cas ont été appariés sur l’âge et le sexe. Grâce à la notion de « retard vaccinal potentiellement dangereux » introduite par Gras et al. en 2016, le statut vaccinal a été défini comme « à jour », ou « en retard » si l’injection avait lieu au moins 15jours après la date recommandée pour les vaccins pneumocoque conjugué (PCV) et hexavalent.
Résultats |
Entre mai 2015 et janvier 2017, 91 cas et 182 témoins vivants ont été inclus dans 22 CR de l’OMIN. Le retard vaccinal était associé significativement à une augmentation du risque de MIN pour les vaccins PCV et hexavalent (OR 1,9 [1,2–2,6] et OR 1,8 [1,1–2,5] respectivement) après ajustement sur les principaux facteurs de risque. Le faible poids de naissance (3,3 [2,1–4,5]), le tabagisme maternel (1,8 [1,1–2,6]), l’utilisation d’une couverture (1,9 [1–2,8]), l’utilisation d’un oreiller (4,7 [3,6–5,9]), l’absence de partage de la chambre (3,9 [3,1–4,8]) et un niveau socioéconomique faible (4,1 [2,6–5,7]) ont été confirmées comme des facteurs de risque de la MIN. L’analyse microbiologique des échantillons post-mortem s’est avérée positive dans 62 % (n=164) des cas (36 % (n=66) de prélèvements viraux, 46 % (n=98) de prélèvements bactériens). Respectivement, 88 % (n=58) et 65 % (n=64) des échantillons viraux et bactériens positifs provenaient des voies aériennes supérieures.
Conclusion |
Cette étude tend à souligner que le retard vaccinal pour les vaccins PCV et hexavalent est associé à une augmentation significative du risque de MIN. Ces résultats sont en faveur de la participation de l’infection, notamment respiratoire, dans la physiopathologie de la MIN et incitent à poursuivre la recherche sur les mécanismes infectieux impliqués dans la survenue de la MIN à partir des données épidémiologiques et biologiques collectées dans l’OMIN.
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Vol 48 - N° 4S
P. S26 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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