Administration locale osseuse d’antibiotique via une céramique d’alumine poreuse - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
La concentration des antibiotiques au site de l’infection est un paramètre crucial pour leur efficacité. La diffusion osseuse est moyenne voire mauvaise pour un certain nombre d’antibiotiques entraînant, soit leur non-utilisation (ex. : gentamicine), soit l’utilisation de fortes doses (ex. : vancomycine). Leur administration par voie locale permettrait une optimisation de la concentration ainsi qu’une diminution de leurs effets secondaires. Nous rapportons l’expérience de 3 patients ayant reçu une céramique d’alumine poreuse chargée en gentamicine pour remplacer un os pathologique.
Matériels et méthodes |
Deux patients ayant une destruction sternale suite à une médiastinite réfractaire ont bénéficiés de la pose d’un sternum en céramique. Un patient avec une ostéite chronique du fémur à SARM à reçu, lors d’une chirurgie un 1 temps, un volet fémoral en céramique. Ces 3 implants étaient chargés en gentamicine (320mg pour les sternums et 160mg pour le fémur). Des dosages ont été réalisés : locaux pour 2 d’entre eux via des drains de Redon et sanguins chez les 3 patients. L’indication du chargement était d’éviter la contamination de l’implant lors de la chirurgie dans une zone infectée (prophylaxie et non thérapeutique).
Résultats |
En tenant compte du paramètre d’efficacité Cmax/CMI>8 et avec une CMI hypothétique à 1mg/L la concentration était à H1 de 1500mg/L pour le sternum, soit supérieure à 175 fois celle nécessaire et encore supérieure à 50 fois après 24h (395mg/L). Pour le volet fémoral, avec un drain placé plus à distance, la concentration à h5 était supérieure à 50 fois celle nécessaire (SARM avec une CMI<0,5mg/L) et encore supérieure à 3 fois après 24h. En parallèle chez les 3 patients, pendant les 2jours postopératoires, la concentration sanguine était inférieure à 0,5mg/L sauf à 2 moments pour l’un d’entre eux (0,6mg/L) à h3 et h6. Après plus d’un an de suivi pour les chirurgies sternales et 6 mois pour l’implant fémoral, il n’y a pas eu de récidive d’infection à ce jour. Il n’y a pas cliniquement ou biologiquement d’éléments faisant suspecter une infection des implants.
Conclusion |
Ce mode de délivrance permet d’optimiser l’administration en maximisant les doses locales tout en réduisant les effets secondaires et la toxicité, étant donné la quasi absence de passage sanguin, mais aussi possiblement l’impact sur le microbiote digestif (ce qu’il faudra démontrer). Actuellement utilisée en prophylaxie, cette administration pourrait à l’avenir être utilisée en thérapeutique en complément voire dans certains cas en remplacement de l’antibiothérapie par voie systémique. Les caractéristiques de la céramique permettent en plus le remplacement de l’os (résistance>3 fois celle de l’os spongieux et ostéo-intégration) et donc de réaliser comme pour le patient avec l’ostéite une chirurgie en 1 temps au lieu des 2 habituellement recommandés.
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Vol 48 - N° 4S
P. S90 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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