Facteurs prédictifs d’endocardite infectieuse au cours d’une infection ostéoarticulaire - 29/05/18
Résumé |
Introduction |
Les infections ostéoarticulaires (IOA) peuvent révéler une endocardite infectieuse (EI). En pratique clinique hospitalière, la recherche d’une endocardite est fréquente lorsqu’un patient présente une IOA. L’objectif de cette étude est d’évaluer les facteurs prédictifs d’une EI en présence d’IOA.
Matériels et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique. Les dossiers étaient extraits à partir du codage des hospitalisations pour IOA entre 2007 et 2017. Étaient inclus les patients ayant une IOA documentée, à pyogènes, sur articulation native. Étaient exclus les infections non documentées ou à mycobactéries et les patients transférés en cours de traitement. Au total, 285 dossiers ont été analysés et après application des critères d’exclusion, 178 ont été retenus. Nous avons effectué des tests de Wilcoxon et de Fisher pour l’analyse univariée et une régression logistique pour l’analyse multivariée à l’aide du logiciel XLSTAT2017.
Résultats |
L’âge moyen était de 64,5 ans, le sex-ratio H/F de 0,6. Trente-huit patients (21,3 %) présentaient un diabète, 8 (4,5 %) une toxicomanie intraveineuse, 38 (21,3 %) une valvulopathie dont 11 (6,2 %) une valve prothétique. Les IOA étaient localisées au rachis dans 79 cas (42,7 %), au genou dans 38 cas (21,3 %) et à l’épaule dans 24 cas (13,5 %). Il s’agissait d’une atteinte infectieuse multifocale pour 30 patients (16,9 %), 96 patients étaient bactériémiques (53,9 %). Un Staphylococcus aureus était retrouvé dans 75 cas (42,1 %) et un Streptocoque dans 46 cas (24,8 %). Il y a eu 9 décès au cours des séjours (5,1 %).
Dans cette population, 41 patients (23,0 %) ont été traités comme une EI, 137 patients (77,0 %) comme une IOA. En analyse univariée, les facteurs associés à l’EI, sont un âge moyen plus élevé (72,2 ans contre 62,2 ans, p<0,001), une valve prothétique (17,1 % contre 2,9 % ; p<0,01), la bactériémie (95,1 % contre 41,6 % ; p<0,001), la présence de Streptococcus gallolyticus (14,6 % contre 1,5 % ; p<0,001). L’épaule (29,3 % contre 8,8 % ; p<0,01) et le rachis lombaire (34,1 % contre 15,3 % ; p<0,05) étaient plus souvent atteints en cas d’EI. Il y a eu plus de décès dans le groupe EI (12,2 % contre 2,9 % ; p<0,05). En analyse multivariée, les paramètres prédictifs d’EI étaient la bactériémie (OR 10,55, p=0,001), une arthrite d’épaule (OR 3,46, p<0,05), une atteinte multifocale (OR 2,82, p<0,05) et un âge>70 ans (OR 2,74, p<0,05). Une échographie cardiaque transthoracique a été réalisée chez 133 patients (74,7 %), complétée par une échographie transesophagienne chez 83 patients (55,3 %). Seuls 20 examens étaient anormaux (11,4 %). Afin de limiter le nombre d’examens inutiles, nous avons établi un score à partir des critères sus-cités (bactériémie : 2 points, atteinte multifocale, atteinte de l’épaule, âge>70 ans : 1 point). Un score<2 permet d’éliminer l’EI (VPN=97 %). Ce score appliqué à notre population aurait permis d’éviter 39 échographies.
Conclusion |
Les 4 facteurs prédictifs d’EI sont la bactériémie, une arthrite d’épaule, une atteinte multifocale et un âge>70 ans. L’établissement du score de probabilité d’EI doit permettre de limiter le nombre d’examens demandés et devra être validé dans une autre cohorte.
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Vol 48 - N° 4S
P. S92 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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