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Le syndrome périodique fébrile associé à des arthralgies et une gammapathie monoclonale : un nouveau syndrome auto-inflammatoire ? - 06/06/18

Doi : 10.1016/j.revmed.2018.03.352 
A. Terre 1, A. Talbot 2, J.B. Picque 3, T. Hanslik 4, M. Mahevas 5, D. Boutboul 6, G. Grateau 1, S. Georgin Lavialle 1,
1 Service de médecine interne, CEREMAIA, CHU Tenon, Paris, France 
2 Immunologie clinique, hôpital Saint-Louis, Paris, France 
3 Médecine interne, centre hospitalier d’Auxerre, Auxerre, France 
4 Service de médecine interne, AP–HP, hôpital Ambroise-Paré, 9, avenue Charles-de-Gaulle, Boulogne-Billancourt, France 
5 Médecine interne, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France 
6 Service d’immunopathologie clinique, hôpital Saint-Louis, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les maladies auto-inflammatoires (MAI) sont définies comme des maladies causées par un dysfonctionnement primaire du système immunitaire inné, et se caractérisent par un phénotype clinique relativement homogène comportant : une fièvre récurrente associée à des éruptions cutanées, des arthrites ou des arthralgies, des myalgies, des douleurs abdominales accompagnées d’un syndrome inflammatoire concomitants. Le syndrome de Schnitzler est aujourd’hui classé dans les MAI non-mendéliennes et est caractérisé par un début tardif, une fièvre périodique, une éruption urticarienne, des douleurs musculaires, articulaires ou osseuses, des adénopathies ainsi que la présence d’une gammapathie monoclonale IgM ou plus rarement IgG. L’objectif de ce travail était de décrire un nouveau syndrome auto-inflammatoire avec fièvre périodique associé à une gammapathie monoclonale et ne répondant pas aux critères du syndrome de Schnitzler.

Patients et méthodes

Étude rétrospective de patients avec gammapathie monoclonale et épisodes inflammatoires fébriles récurrents, ne remplissant pas les critères de syndrome de Schnitzler, adressés au centre national de référence des maladies auto-inflammatoires (CEREMAIA).

Résultats

Au cours des 10 dernières années, 750 patients ont été vus au CEREMAIA, parmi eux, 15 patients qui avaient une gammapathie monoclonale et une MAI définie ou une suspicion de MAI. Parmi eux, il y avait 2 fièvres méditerranéennes familiales (FMF), une cryopyrinopathie par mutation somatique, une vascularite hypocomplémentémique, syndromes de Schnitzler 1 perdu de vue. Seuls 5 ne remplissaient ni les critères du syndrome de Schnitzler, ni de MAI monogénique et ont pu être inclus dans notre étude.

Il s’agissait de 3 hommes et 2 femmes, l’âge médian au début des symptômes inflammatoires était de 44 ans (allant de 30 à 71 ans). La fréquence médiane des accès était de 7 épisodes de fièvre par an (allant de 3 à 12) et la durée médiane des poussées sans traitement était de 6jours (variant de 3 à 12). Les symptômes les plus fréquemment associés étaient : les myalgies (100 %), et les arthralgies (80 %). Aucun d’avait de douleur osseuse, abdominale ou d’arthrite ni d’éruption urticarienne. Aucune anomalie radiologique osseuse n’a été retrouvée. Un patient a présenté des épisodes de pleurésie exsudative pendant les accès sans cause retrouvée, y compris après biopsie pleurale. La gammapathie monoclonale la plus fréquemment trouvée était une IgG lambda (n=3, 60 %), et le taux de la gammapathie varié de « de limite détectable » à 19,8g/L avec une médiane de 6,6g/L. Un patient avait une gammapathie biclonale IgG-kappa et IgM-kappa, avec prédominance pour l’IgG. Concernant la chaîne légère, le composant lambda était le plus fréquent (n=3, 60 %). Tous les patients avaient une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles et une CRP élevée avec un taux médian de 156mg/L (variant de 84 à 250mg/L) pendant les poussées. Pour ceux qui ont été testés pour des mutations des MAI monogéniques, aucune mutation des gènes des MAI monogéniques historiques n’ont été retrouvées. Aucun n’avait d’anticorps antinucléaire. Les traitements suivants ont été essayés sans efficacité : colchicine (2 patients) et corticoïdes (1 patient). Deux patients ont reçu une biothérapie anti-IL-1 à la demande (pendant les crises) avec une bonne efficacité mais une rechute après arrêt du traitement.

Conclusion

Il s’agit de la première série d’un nouveau phénotype auto-inflammatoire associé à une gammapathie monoclonale. Ce syndrome pourrait s’appeler syndrome périodique fébrile associée à des arthralgies et une gammapathie monoclonale (PFAGM) ou en anglais : periodic fever, arthralgia and clonal gammopathy (PFACG) syndrome. Toutefois, en l’absence de biomarqueur, ou de signature moléculaire spécifique, rien n’exclut qu’il constitue une forme incomplète de syndrome de Schnitzler. Des travaux complémentaires fonctionnels et génétiques sont nécessaires pour trancher.

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Vol 39 - N° S1

P. A105 - juin 2018 Retour au numéro
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