Fertilité chez les patients atteints de fièvre méditerranéenne familiale (FMF) : étude au sein d’une population de 331 patients - 06/06/18
Résumé |
Introduction |
La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est la maladie auto-inflammatoire monogénique la plus fréquente au monde. Elle s’associe à des mutations du gène MEFV codant la pyrine et touche principalement les populations issues du pourtour méditerranéen. La plupart des études relatives à la fertilité dans la FMF ont été réalisées avant l’ère de la colchicine et trouvaient des taux d’infertilité d’environ 30 % chez la femme. Il est probable que la colchicine a permis de diminuer ces taux en réduisant les crises inflammatoires répétées qui peuvent avoir un impact via la formation d’adhérences abdominopelviennes ou la présence de dépôts amyloïdiens ovariens. L’infertilité masculine a été moins étudiée. Elle est également attribuée aux complications testiculaires des accès inflammatoires répétés mais aussi aux effets délétères de la colchicine sur la spermatogenèse.
Patients et méthodes |
Étude rétrospective du Centre national français de référence des maladies auto-inflammatoires et des amyloses inflammatoires (CEREMAIA) sur tous les patients avec une FMF déjà vus au moins 1 fois sur les 5 dernières années (2013–2018). Le diagnostic de FMF était défini selon les critères internationaux de Livneh. La fertilité des femmes et des hommes suivis pour FMF était disponible dans les dossiers médicaux et comportait le nombre de grossesses et de parité pour les femmes et le nombre d’enfants pour les hommes.
Résultats |
Trois cent trente et un patients avec un diagnostic de FMF ont été inclus ; ils étaient tous issus du pourtour méditerranéen : séfarades (n=142), arabes (n=45), arméniens (n=32), turques (n=25) et autres (n=87). L’âge médian au diagnostic était de 15 ans {extrêmes : 1–73}. L’âge médian au début des symptômes était de 7 ans {extrêmes : 5–50}. Deux cent un patients étaient homozygotes ou hétérozygotes composites pour une mutation pathogène de MEFV. Quatre-vingt-six patients étaient hétérozygotes, 10 patients n’avaient pas de mutation considérée comme pathogène et 24 étaient non testés. L’âge médian du début de la colchicine était de 17,5 ans {extrêmes : 1–71}.
Parmi les hommes (n=148) l’âge médian lors de leur inclusion était de 36 ans {extrêmes : 17–89}. Le nombre moyen d’enfants par homme était de 0,9 (soit entre 0 et 5 enfants). Sachant que 16 % avaient moins de 25 ans et 37 % moins de 30 ans. Le pourcentage d’hommes ayant une infertilité déclarée était de 4,7 %. La durée médiane de prise de colchicine avant le premier enfant, lorsque renseignée, était de 6 ans {extrêmes : 0–36}. La dose moyenne de colchicine était à 1,4mg/j.
Parmi les femmes (n=183) l’âge médian lors de leur inclusion était de 37 ans. Le nombre moyen de grossesses était de 1,49 (soit entre 0 et 9) et le nombre moyen de pares à 1,28 (soit entre 0 et 7 enfants). Sachant que 16 % avaient moins de 25 ans et 28 % moins de 30 ans. Le pourcentage de femmes infertiles était de 7 % ; et 6 % avaient pu bénéficier d’une procréation médicalement assistée. La durée médiane de prise de colchicine avant le premier enfant était de 5 ans {extrêmes : 0–34}. La dose moyenne de colchicine était de 1,4mg/j.
Une amylose secondaire a été diagnostiquée chez 10 patients, 6 sur les 10 avaient eu des enfants. Huit patients étaient traités par anti-IL1 pour une amylose secondaire (n=5) ou pour une colchinorésistance (n=3). Deux patients recevaient des anti-TNFα pour une maladie de Crohn ou une spondyloarthrite associée.
Conclusion |
La FMF débute pour la majorité des patients avant 20 ans et pourrait impacter la fertilité de cette population en âge de procréer. C’est une préoccupation importante des jeunes avec FMF en consultation. En France en 2003, l’infécondité involontaire après 24 mois était estimée à 11 % par l’observatoire épidémiologique de la fertilité. Cette étude montre que l’infertilité n’est pas majorée chez les patients suivis pour FMF par rapport à la population générale, sachant que un tiers des hommes et des femmes avaient moins de 30 ans et pas forcément de désir d’enfant.
La généralisation de la prescription de colchicine permet ainsi de rétablir un taux de fertilité identique à la population générale. Nous allons confirmer sur l’ensemble de la cohorte des patients suivis depuis l’ouverture du centre de référence en 2007.
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Vol 39 - N° S1
P. A111 - juin 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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